Le domaine de la bonne gouvernance du secteur public demeure un vaste chantier inachevé. A son actif, le ministre sortant du Portefeuille, Clément Kwete, a évoqué l’instauration d’un nouveau type de gestion des entreprises publiques qui a permis de renforcer l’attention de l’autorité de tutelle vis-à-vis de ses mandataires.
Dès sa prise de fonction, Adèle Kayinda Mayina, la ministre entrant du Portefeuille, a appelé à une mobilisation générale. Elle a adressé son appel particulièrement aux agents de son ministère et à tous les animateurs des services techniques stratégiques de son ressort. Qualifié par son prédécesseur « femme de rigueur et de moralité », elle a affirmé avoir identifié de nombreux défis qui vont s’imposer finalement comme des préalables à un fructueux mandat à la tête de l’un des ministères les plus techniques du gouvernement de la République.Une déclaration loin de satisfaire les experts qui appellent déjà à une profonde réflexion sur les causes des échecs de toutes les réformes du gouvernement dans ce secteur.
Adèle Kayinda entend bien s’appuyer sur les intelligences internes pour faire avancer la relance des entreprises étatiques. « J’invite chacun de vous à adopter un rythme de travail fondé sur le respect du temps qui doit être considéré désormais comme un allié de taille pour parvenir à la réussite », a-t-elle signifié. Parmi ses actions phares, elle a cité l’éradication des antivaleurs, notamment la passivité et la négligence. Selon elle, il s’agit des principales causes du blocage de la relance du portefeuille de l’État dans un environnement désormais concurrentiel. Sur le plan des chantiers inachevés, Clément Kwete s’est dit, pour sa part, confiant du dynamisme et de l’intelligence de son successeur, Adèle Kayinda. « Sa rigueur et sa moralité vont aider le ministère à aller de l’avant », a-t-elle dit.
Selon plusieurs études, les contraintes majeures du secteur public sont, entre autres, les effectifs pléthoriques, la vétusté des moyens de production, l’absence de compétitivité, la persistance des pratiques prédatrices, l’instabilité des mandataires et le non-respect du principe de redevabilité. D’autres disfonctionnements touchent directement les états financiers, les données de la gestion, la passation des marchés, la gestion administrative, commerciale et technique ainsi que la responsabilité du gouvernement. Pour l’éminent économiste Mabi Mulumba, aucun résultat palpable n’a été enregistré tant dans les réformes que les solutions alternatives. En outre, l’ancien Premier ministre a déploré également l’absence de résultat dans l’application de la loi portant désengagement de l’État des entreprises du portefeuille dix ans après sa promulgation.
Dans sa dernière tribune, Mabi Mulumba, a lancé un grand débat sur les limites de la gestion du type public. Pour lui, il faut aller plus loin en restructurant complètement le secteur. Tout doit commencer par le mode même de désignation des mandataires dans les entreprises du secteur public. « La provenance de ceux-ci des composantes politiques ne sécurise pas, d’une façon générale, pour ce qui est de leur profil », a-t-il indiqué. Il en a profité pour saluer certaines dispositions visant à privilégier la désignation des mandataires à la tête des entreprises du portefeuille, dont les critères de compétence et d’intégrité morale au lieu de se référer à l’appartenance politique.