Le programme du gouvernement Sama Lukonde présenté devant l’Assemblée nationale en apporterait une preuve suffisante.
Le débat sur la probabilité de tenir des élections à bonne date enfle dans le milieu des experts électoraux depuis l’engagement du Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, de respecter les délais constitutionnels en la matière et d’organiser parallèlement le recensement et l’identification de la population. Il relayait, quel que peu, la promesse du président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, aux députés nationaux à la cité de l’Union africaine.
Certains experts électoraux jugent hypothétique l’organisation des élections en décembre 2023 et dénoncent un discours à visée politique du Premier ministre. Ils estiment que la question du recensement et de l’identification de la population telle qu’abordée par Sama Lukonde mérite d’être éclairée particulièrement sur son éventuelle influence sur le processus électoral et sa distinction claire d’avec la révision du fichier électoral. Il s’agirait, pour eux, des prémisses d’un passage d’une Commission électorale de type indépendant vers celle de type gouvernemental.
Sur le volet purement économique, d’aucuns se demandent la formule magique à laquelle va recourir le Premier ministre pour concilier le recensement administratif et la révision du fichier électoral, sachant que ces opérations prises en charge par deux institutions distinctes devraient coûter plus ou moins cinq cents millions de dollars au contribuable congolais. Soit un total d’un milliard de dollars américains à mobiliser avant la fin de l’année 2021 dans un contexte marqué par la pandémie de covid-19.
Lors de la présentation devant l’Assemblée nationale, Jean-Michel Sama Lukonde avait déclaré que son gouvernement n’entendait pas conditionner les élections par le recensement et l’identification de la population. « Le gouvernement, qui travaille pour l’organisation et la tenue des élections générales dans le délai constitutionnel, n’entend nullement conditionner celles-ci à la réalisation complète desdites opérations », a-t-il dit. Le recensement et l’identification de la population, a-t-il ajouté, sont des opérations normales et ordinaires d’un Etat responsable, qui visent simplement à connaître le nombre de ses habitants et à doter chaque citoyen d’une carte d’identité.
Dans un récent sondage de l’institut Les Points, 51% des Congolais interrogés s’étaient dits méfiants quant à la capacité du gouvernement de l’Union sacrée de mobiliser les fonds pour l’organisation des élections en 2023. Cette enquête, réalisée du 19 au 20 avril, a également relevé que les Congolais sont partagés entre espoir d’un changement et sentiment du statut quo vis-à-vis de l’équipe gouvernementale nouvellement mise en place.