Interview : Ben-J « Les artistes congolais ont tout le potentiel et la capacité de rivaliser avec ceux d’autres pays »

Jeudi, Avril 29, 2021 - 19:00

Rappeur français d’origine congolaise, membre du groupe Nèg’Marrons et du collectif Biso na biso, Ben-J a séjourné pendant quelques jours à Brazzaville. L’objectif étant de poser le cadre pour accompagner les artistes congolais évoluant sur la scène urbaine à mieux se positionner à l’international. Entretien.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Qu’est-ce qui justifie la présence de Ben-J dans la capitale de son pays d’origine ?

Ben-J (B.J.) : En dehors des raisons familiales, ma venue au Congo concerne la partie culturelle et artistique de ma société, qui accompagne depuis quelques années les institutions et entreprises. En suivant de près ce qui se passe au pays au niveau de la scène musicale urbaine, j’ai constaté que pas mal d’artistes émergent. Ainsi, je souhaite pouvoir les accompagner sur le développement de carrière et mettre mon expertise au service de ces jeunes artistes qui, selon moi, ont tout le potentiel et la capacité de rivaliser avec les artistes des pays voisins comme la République démocratique du Congo, le Cameroun, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Certains labels existants au Congo produisent déjà du fruit de qualité. Et, plus nous serons nombreux à s’y intéresser, mieux ce sera pour une meilleure représentativité culturelle du Congo à l’international.

L.D.B. : En parlant d’artistes, quels sont donc ceux que vous avez pu rencontrer ?

B.J. : Durant mon bref séjour, j’ai donc eu l’occasion de rencontrer et d’échanger avec Young Ace Wayé, Prix Découvertes Rfi 2020 ; Mitraya et Enzo. J’aurai bien voulu aussi rencontrer Jessi-B dont j’apprécie bien le travail, l’énergie et la communication digitale. Mais, pour des raisons d’agenda, on n’a pas pu se voir. Je reste attentif à son travail et même celui de Sam Samouraï qui se démarque positivement. En bref, outre ceux que j’ai cité, je continue à en suivre plusieurs.

L.D.B. : Quel est l’enjeu de votre attention et de vos échanges avec les artistes congolais de la scène urbaine ?

B.J. : Pour moi, ce qui compte ce n’est pas la matière en elle-même, mais plutôt l’accompagnement de tous les métiers qui vont de pair avec la musique : le management, la communication, le marketing, l’image. Aujourd’hui, la musique ce n’est pas juste un artiste qui chante bien avec de beaux textes. Le public adhère à bien plus que cela. Il adhère à son image, son environnement, son énergie et là-dessus les artistes congolais ont encore du chemin à faire. Avec la dématérialisation de la musique, du physique au digital, le secteur œuvre désormais différemment afin de développer des communautés et permettre aux artistes de réaliser de bons résultats. Pour un début, je sélectionnerai ceux que j’accompagnerai à long terme et quelques-uns dont je pourrai donner un bon coup de pouce pour qu’ils émergent.

L.D.B. : L’accompagnement de Ben-J  ne se limitera-t-il qu’aux musiciens ?

B.J. : Ma vision se concentre avant tout sur le secteur de la musique. Mais, après je ne ferme pas mes portes à l’humour, la mode, aux photographes, réalisateurs et cinéastes. Il y a tout un écosystème avec lequel nous pouvons collaborer et plusieurs métiers qui gravitent autour de la sphère culturelle. Au final, on aura toujours besoin de tous ces créatifs.

L.D.B. : Quel est votre avis sur le fait que de nombreux artistes, bien que talentueux, n’arrivent pas à s’exporter à l’international ?

B.J. : Pour ce qui est de la musique typique comme la rumba ou le ndombolo, le Congo arrive à marquer son empreinte, mais dans les nouveaux courants, le Congo se cherche encore. Personnellement, je dirai qu’il y a un léger manque de savoir-faire des personnes qui encadrent les artistes et le style musical urbain du Congo ne s’est pas encore affirmé à l’international.  

L.D.B. : On vous connait avant tout comme artiste et cela fait un moment que le public ne vous pas revu sur la scène. Pourquoi ?

B.J. : En 2020, mon groupe et moi avions prévu une quarantaine de concerts dans le cadre des vingt-ans de notre album, « Le bilan ». Malheureusement, la pandémie de covid-19 a tout mis en suspens. En attendant, j’ai repris avec le travail au studio. Nous avons huit titres qui pourront bientôt voir le jour. Dès que possible, nous programmerons d’autres dates et le public pourra me revoir sur scène.

L.D.B. : Pour terminer…

B.J. : Je serai de retour à Brazzaville en mi-juin pour une longue période afin de lancer concrètement ce projet avec les artistes congolais. L’idée n’est pas de modifier ce qui se fait au Congo en matière de musique, mais du moment où je peux contribuer à l’envol de la carrière de deux ou trois artistes à l’international, je serai déjà content. Aux artistes, je les encourage à toujours bosser dur, car il y a beaucoup de talent et de créativité.

Propos recueillis par Merveille Atipo
Légendes et crédits photo : 
Le rappeur congolo-français Ben-J/DR
Notification: 
Non