Lire ou relire : « Danse des silhouettes » de Sauve-Gérard Ngoma Malanda

Vendredi, Mai 21, 2021 - 14:10

Recueil poétique publié aux éditions Ndzé à Bertoua au Cameroun, avec la préface de Jacques Chevrier et la postface de Gabriel Mwènè Okoundji, l’auteur y décrit les paradoxes de la vie et commémore sa défunte mère.

Plus que la thématique, ce qui frappe le plus dans la lecture du recueil c'est le style un tantinet atypique de Sauve-Gérard Ngoma Malanda. A propos, le préfacier déclare à juste titre : « Depuis quelques années, le poète africain ne se sent plus obligé de s’engager ni d’imiter les anciens. Désormais, en effet, la création poétique se formule dans l’élaboration d’un nouveau langage situé au plus près des rêves et des fantasmes de l’écrivain qui s’investit de plus en plus dans la quête d’une harmonie… à retrouver ».

Toutefois, pour le cas de figure, cette nouvelle plume qui commet sa deuxième production, après Rêves sur cendres publié à L’Harmattan-Congo, s’apparente quelque peu à la poétique de Maxime N’Débécka, Omer Massem, Jean-Blaise Bilombo Samba, ou Gabriel Okoundji. C’est donc une fibre majeure qui mérite une certaine attention.

L’œuvre est repartie en effet en deux parties. La première, éponyme au livre, peint avec sublimité la complexité de l’existence, où l’amour côtoie le non-amour, la vie et la mort, la parole et le silence, la joie et le tragique. Ces dualités, presque inséparables, inspirent au poète les mots de dépit et d’espérance. Le langage utilisé est celui du combat, de la passion et de l’incantation, à la manière des poètes de la Négritude, mais ici plus porté à l’universel.

« Nous serons de toutes les lumières/ Nous serons de tous les feux/ Nous serons de tous les soleils/ Nous serons de toutes les lunes/ Et vous silhouettes fidèles de mes espérances éclairées/ Je vous lègue ma nausée de regarder ceux qui ne regardent point/ Le soleil de midi ni la lune des rêves parfumés/ Je vous lègue ma soif de partage d’étincelles de feu/ Je nous donne mon âme d’été en écharpe de lumière », clame le poète.

Dans la seconde partie intitulée « Paroles pour ma mère », l’auteur exalte le creuset d’amour qui a façonné une bonne part de son être. Il pleure et rend hommage à l’aimée qui survit indéfiniment et encore fortement en lui. Immortalisant sa mémoire en la fusionnant à la mythique et sacrée terre de Linzolo. Sur cette partie, comme l’affirme Gabriel Okoundji, l’obscurité de l’absence « mue en douleur du temps » engendre des larmes nostalgiques de gratitude érigées en stèle. Une autre particularité de ce texte, la présence des sonorités kikongo qui mettent en évidence la richesse patrimoniale et anthropologique bantoue.

Natif de Brazzaville, Sauve-Gérard Ngoma Malanda est chroniqueur culturel sur Télé-Congo et conseiller au ministère de la Culture et des Arts.

Aubin Banzouzi
Légendes et crédits photo : 
Photo: Couverture du livre
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