Interview. Michel Ngongo : « Il n’y a pas d’avancées en termes d’infrastructures culturelles »

Mercredi, Mai 19, 2021 - 16:36

Entretenu par Le Courrier de Kinshasa alors qu’il est occupé à préparer la participation culturelle de la RDC aux IXes jeux de la Francophonie, l’expert du ministère de la Culture s’est inquiété des incohérences relevées dans le chef du comité national des IXes jeux de la Francophonie. Il déplore notamment que les sites choisis n’offrent aucune garantie de legs à la ville après les jeux, ayant tout à cœur la coordination du volet de la participation à sa charge, ceci lui paraît juste inconcevable.

 Didier Tshiyoyo (Haut représentant du Chef de l’Etat au Comité d’organisation des IXes Jeux de la Francophonie), Zénon Kabamba (Directeur chargé des sports et santé) entourés de Michel Ngongo et Frédéric Ngandu (chargé du volet culture du comité d’organisation) (Adiac)

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Quelles sont vos responsabilités actuelles dans le cadre des IXes jeux de la Francophonie que prépare Kinshasa ?

Michel Ngongo (M.N.)  : J’ai été le commissaire exécutif-adjoint chargé du suivi des activités du comité national des jeux de la Francophonie de février 2020 à février 2021. Mais il avait été décidé aussi que je porte la responsabilité du chargé de la culture, une exigence du comité international qui cherchait à avoir un correspondant en matières culturelles au niveau de l’organisation des jeux de la Francophonie.

L.C.K. : En plein dans les préparatifs de la participation de la RDC au volet culturel des IXes jeux de la Francophonie, des choses vous échappent-elles ?

M.N. : Non, pas du tout ! À l’époque, tout en étant dans le comité d’organisation, faisant partie du cabinet du ministre de la Culture et des Arts, nous veillions à organiser les choses au niveau de notre participation culturelle. La RDC a déjà participé à cinq éditions de ces jeux tant sur le plan culturel que sportif, nous étions donc déjà en train de nous y préparer. Et, comme nous n’avons plus de responsabilités à assumer au niveau de l’organisation, d’autres personnes gèrent cet aspect, nous nous sommes tournés simplement vers les préparatifs des équipes culturelles qui vont représenter la RDC aux IXes jeux de la Francophonie.

L.C.K. : À presque une année des jeux, comment évaluez-vous l’avancement de l’organisation ? Kinshasa hôte des IXes Jeux de la Francophonie (DR)

M.N. : Pendant que j’étais au comité d’organisation, je n’étais pas la bouche autorisée à en parler, il y avait des personnes habilitées à le faire mais j’estime qu’il faut tout de même dire les choses telles qu’elles sont maintenant. Aujourd’hui, ça craint ! Mais je ne parle que l’aspect culturel parce que du côté sportif je ne sais pas ce qui se fait présentement. Ça craint parce qu’en termes d’infrastructures, il n’y a pas d’avancées. Jusqu’au moment où je partais, on évoquait des sites qui ne représentaient pas vraiment la partie culturelle et n’offraient aucune garantie de legs après les jeux. C’est là la première inquiétude. La seconde, selon les informations reçues, des étrangers ont été pris pour diriger des équipes, le cas au niveau des régisseurs, par exemple. Cela pose problème ! Il n’est pas normal, vu l’expertise existant en RDC, que des personnes venant de l’extérieur dirigent. Du reste, je précise que le Comité international des jeux a des experts, des étrangers, dont la mission est d’accompagner le pays organisateur. Partant de ce principe, il n’y a pas lieu de chercher une autre expertise pour piloter les choses. Autre chose, l’option d’achat des matériels de son et lumière, vidéo, etc., était prise dans l’idée de tout conserver après les jeux pour doter la RDC de la technologie de pointe actuelle. Il nous revient de plus en plus que l’on a plutôt opté pour la location des matériels.

De l’avis d’un expert du Comité international, le coût de la location est plus élevé que celui de l’achat. Ce qui d’une part n’est pas admissible. Et, d’autre part, l’entreprise proposée pour l’acheminement du matériel ne figure même pas sur Internet. La somme de toutes ces incohérences nous pousse à dire que ça craint. Par ailleurs, je suis désolé de constater qu’au lieu d’aborder les questions de fond, l’on s’arrête à des distractions, des discussions sur des questions d’argent, de légitimité, d’interdiction d’accès. À moins de seize mois des jeux, nous devons aborder des problèmes de fond. Notamment parler des infrastructures culturelles. Il est question aujourd’hui de l’Echangeur de Limete, le Musée national, l’Académie des beaux-arts, l’Institut français, le Centre Wallonie-Bruxelles, ce sont tous des sites à aménager. Rien ne va être réhabilité de sorte que la communauté culturelle kinoise verra Kinshasa telle qu’elle était avant les Jeux. Cela nous pose problème ! Il n’est pas normal que la tenue d’un événement de pareille envergure ne laisse aucune trace dans la ville, qui plus est, la capitale ! Il faut noter que son organisation intervient lors de la mandature du chef de l’Etat à l’Union africaine placée sous la coloration de la culture ! Et cela se passe au vu et au su de tout le monde que le comité national foule au pied la culture. Il est impérieux que ces questions de fond soient abordées, que le Comité national des IXes jeux de la Francophonie nous explique pourquoi la culture est à ce point négligée.  

Propos recueillis par

 

 

 

 

 

Nioni Masela
Légendes et crédits photo : 
Photo 1 : Didier Tshiyoyo, haut représentant du chef de l’Etat au Comité d’organisation des IXes jeux de la Francophonie, Zénon Kabamba, directeur chargé des Sports et Santé, entourés de Michel Ngongo et Frédéric Ngandu chargés du volet culture du comité d’organisation (Adiac) Photo 2 : Kinshasa hôte des IXes jeux de la Francophonie (DR)
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