Côte d’Ivoire : pouvoir et opposition se préparent à accueillir Laurent Gbagbo

Mardi, Mai 25, 2021 - 17:24

Acquitté le 31 mars par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l’humanité commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011, l’ex-président jouit actuellement de nombreux soutiens favorables à son retour au pays après le feu vert donné par l’actuel chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara. Selon des sources sûres, des discussions sont en cours entre le gouvernement et le Front populaire ivoirien (FPI) pour fixer les modalités et la date à laquelle il regagnera sa terre natale.

Dans le camp de l’ancien président, l’on estime que son arrivée prochaine en terre ivoirienne sera un moment auquel il retrouvera sa vraie dignité, lui qui a été arrêté dans des conditions jugées « inacceptables » et conduit à La Haye, siège de la justice internationale. Ses partisans veulent que le gouvernement ne fasse plus l’économie du temps, mais qu’il réunisse dès maintenant toutes les conditions nécessaires pour permettre à Laurent Gbagbo de rentrer dans son pays sans plus tarder.

« La vraie réconciliation entre Ivoiriens passe aussi et surtout par le retour de Laurent Gbagbo », souligne un citoyen qui requiert l’anonymat. « On veut Gbagbo ! » scandaient récemment ses partisans venus à l’aéroport d’Abidjan accueillir les exilés du FPI. De son côté, le chef de l’opposition, Henri Konan Bédié, souhaite que « le gouvernement prenne toutes les dispositions nécessaires pour favoriser leur retour en Côte d’Ivoire dans les meilleurs délais et dans des conditions sécurisées ».

Pour le ministre ivoirien de la Réconciliation nationale, Bertin Kouadio Konan, la date du retour de l’ancien président, précédée par celle de ses anciens partisans, cadres de son parti, et de sa sœur cadette, Jeannette Koudou, sera connue quand tout sera « prêt » pour l’accueillir, notamment en termes de sécurité. Ceci revient à dire que le gouvernement se prépare à réserver un accueil chaleureux à Laurent Gbagbo et à Charles Blé Goudé, ancien pilier de son régime, acquitté comme lui de crimes contre l’humanité par la justice internationale.

Des gestes d’apaisement se multiplient

Une manière de montrer à l’opinion internationale que l’exécutif ivoirien est prêt à enterrer définitivement la hache de guerre.

A leur retour, Laurent Gbagbo dont le voyage La Haye-Abidjan sera pris en charge par l’Etat, aura droit au traitement réservé aux anciens présidents, selon Alassane Ouattara qui n’a pas mentionné de dispositions particulières concernant Charles Blé Goudé.

Après la réélection de l’actuel chef de l’Etat ivoirien en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé lors d’une présidentielle boycottée par l’opposition, ayant donné lieu à une crise électorale qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre,  la tension est retombée. Les élections législatives de mars dernier se sont déroulées dans le calme et avec la participation de l’opposition.

Depuis lors, les gestes d’apaisement se multiplient, dont le retour d’exilés et la libération de prisonniers politiques. C’est le cas d’une figure de la société civile ivoirienne, Pulcherie Gbalet, emprisonnée pendant huit mois pour avoir contesté le troisième mandat d’Alassane Ouattara.

Malgré son acquittement par la CPI, l’ex-président reste sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banques centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest commis durant la crise postélectorale. Or, en annonçant début avril qu’il était libre de rentrer dans son pays quand il le souhaitait, le chef de l’Etat ivoirien n’avait pas mentionné cette condamnation de Laurent Gbagbo, mais Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, laisse toujours entendre qu’elle serait levée.

Eu égard à cette imprécision, de nombreux Ivoiriens veulent que le pouvoir affiche une position sans ambigüité concernant le retour de Laurent Gbagbo au moment où certaines organisations comme le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire pendant la crise postélectorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3.000 morts, s’y opposent. 

 

Nestor N'Gampoula
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