Interview. Me Chris Ileo Yoka : « Il est grand temps que la population puisse bénéficier du travail de ses autorités »

Mercredi, Mai 26, 2021 - 16:45

A l’heure du renouvellement de la classe politique congolaise, bien des compatriotes, jeunes de surcroît et brillants intellectuels, réfléchissent de plus en plus, à haute et intelligible voix, sur la problématique de l’émergence de la RDC longtemps livrée à la merci d’une caste politique opportuniste et ventriloque. Me Chris Ileo Yoka fait partie de cette jeunesse de qui le pays est en droit d’espérer au regard de son apport significatif au débat national via les idées novatrices dont il est porteur. Dans un entretien accordé au Courrier de Kinshasa, il décrypte l’actualité tout en éclairant certaines zones d’ombre en rapport avec son cursus politique. 

Courrier de Kinshasa : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Chris Iléo Yoka : Je m’appelle Me Chris Ileo Yoka. Je suis avocat de profession et secrétaire général du regroupement politique « Ensemble, changeons le Congo » cher au président Adam Bombole Intole.

C.K : Pouvez-vous nous retracer votre parcours politique ?

C.I.Y : J’ai commencé la politique en 2010 en adhérant au parti Udemo du président Mobutu Zanga avec qui j’ai collaboré au sein de son cabinet. J’ai été nommé chargé d’études au cabinet à l’époque de la vice-Primature chargée de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale. Nous avons été candidat député national sous l’Udemo lors des élections de 2011 dans la circonscription de la Lukunga. C’est à partir de ce moment-là que nous avons pris goût à la politique pour apporter notre savoir-faire et une nouvelle manière d’exercer la politique. Malheureusement, en 2011, nous n’avons pas été élus. Malgré cela, nous avons poursuivis notre cursus professionnel en tant qu’avocat de profession.

C.K : Vous vous êtes séparés avec Mobutu Zanga, mais aussi avec son remplaçant à la vice-Primature  chargée de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale…  

C.I.Y : Effectivement, c’est plusieurs années après que nous nous sommes séparés. Tout est parti de la rupture entre l’ancien vice-Premier ministre Mobutu Zanga et l’ancien régime. Nous avons, par la suite, travaillé avec le ministre Bulupi Galati qui était vice-Premier ministre nommé en remplacement de Mobutu Zanga. Ce dernier nous avait une fois de plus nommé au poste de chargé d’études au sein de la vice-Primature. Lors des élections de fin 2011, nous avons quitté le ministère pour laisser la place à une nouvelle équipe. Voilà un peu notre cursus jusqu’à notre arrivée à « Ensemble, changeons le Congo ».

C.K : Et là aussi, c’est le début d’une autre histoire…

C.I.Y : Oui. Nous avions commencé au parti du président Adam Bombole au bas de l’échelle, c’est-à-dire que nous occupions d’abord le poste de secrétaire national chargé de l’administration. A ce titre, nous avons essayé de mettre en place une organisation très équilibrée et optimale. Nous sommes aujourd’hui depuis plus d’un an secrétaire général du parti « Ensemble, Changeons le Congo » où nous essayons d’impulser une nouvelle dynamique.

C.K : Pourquoi alors avoir quitté « Ensemble » de Moïse Katumbi ?

C.I.Y : Nous étions le responsable numéro un de l’AMK/Lukunga. Nous avions assumé ces charges fidèlement jusqu’à notre séparation pour des motifs de vision parce que notre parti avait choisi de défendre, après Genève, l’actuel chef de l‘Etat, Felix Tshisekedi, alors que la plate-forme de Moise Katumbi avait jugé bon de soutenir Martin Fayulu. C’est à ce moment-là que nous avons pris nos responsabilités pour quitter, par souci de cohérence et de vision, ladite plate-forme. Une façon de nous assumer en tant que parti indépendant et de soutenir, sans tergiversation, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Nous avons adhéré à l’Union sacrée où nous contribuons d’une manière ou d’une autre  à la réussite et au succès de la vision du président de la République.                     

C.K : Quelle est votre analyse de l’environnement politique actuel après la création de l‘Union sacrée de la nation ?

C.I.Y : Le discours du chef de l’Etat avant les consultations qu’il avait lancées avait été impulsé par l’audace. Il y avait un blocage, le pays était à l’arrêt et Félix Tshisekedi devait prendre ses responsabilités en tant que garant de la nation. C’est comme ça qu’il avait pris ses responsabilités pour remettre au pas toutes les forces politiques existantes de manière à ce que le peuple congolais puisse bénéficier du projet qu’il a pour ce pays. Prônant l’anticipation, nous suggérons à la haute hiérarchie du pays plusieurs actions à mener et nous sommes aujourd’hui satisfaits de la création de l’USN. Il s’agit là des idées que nous avions soumises au président de la République et nous sommes très ravis que le président Adam Bombole soit très écouté par le chef de l’Etat.

C.K : Cette Union sacrée ne cachet-elle pas des velléités autocratiques dans un système politique qui se veut plutôt démocratique ?

C.I.Y : Aujourd’hui, l’on constate que les forces politiques d’antan détentrices de la majorité ont basculé dans l’opposition. D’ailleurs, elles peinent à faire leur opposition, parce que sur le terrain les forces politiques se sont alignées dans la vision du chef de l’Etat pour l‘intérêt supérieur de la nation. On a sacrifié les intérêts individuels au profit de ceux de la population. Notre classe politique ne peut pas continuer à fonctionner sur la base des marchandages et des accords entre individus. A un moment donné, il fallait arrêter cette hémorragie. C’est ce que le président de la République a fait pour obliger toutes les forces politiques à l’accompagner parce qu’il ne s’est pas approprié son mandat pour lui seul. Il le fait pour le peuple congolais, pour son bien-être. Donc, ma lecture est que le chef de l‘Etat a lancé une vision qui est actuellement encouragée par plusieurs forces politiques, et il faudrait que même celles-là qui sont dans l’opposition puissent contribuer avec des idées novatrices, tout en  apportant leur savoir-faire de manière à ce que le pays puisse en bénéficier.  

C.K : Quelle est la position de votre parti à la décision du chef de l’Etat d’instaurer l’état de siège en Ituri et dans le Nord-Kivu ?                    

C.I.Y : Il fallait bien qu’à un moment donné, le pays puisse prendre ses responsabilités.  Et vous constatez que depuis l’instauration de cet état de siège, plusieurs villes sont récupérées par nos forces armées. Nous encourageons les Fardc à poursuivre cette lutte, à rester concentrées sur la reconquête de toutes les villes qui avaient été occupées par la force, soit que les forces hostiles déposent les armes. Sinon, il faudra attaquer, ne faut pas tergiverser. Les Fardc doivent être éveillées pour sécuriser la population, mais surtout désarmer toutes les forces qui écument ces contrées de l’Est. Donc, nous saluons l’instauration de cet état de siège. Nous espérons que cela ne prendra pas tout le temps à récupérer toutes les villes et nous avons l’assurance que plus d’une vingtaine des villes et villages ont déjà été récupérés.

C.K : Quelle est votre lecture personnelle de l’homme politique congolais ?

C.I.Y : L’homme politique congolais a beaucoup péché. Nous avons vécu plus d’une trentaine d’années de gestion sans qu’il ne soit mis en place des reformes sérieuses pour rendre optimal le fonctionnement de nos institutions et, aujourd’hui, la population en pâtit. Raison pour laquelle nous, en tant que parti politique, nous amenons une nouvelle manière de faire la politique. Nous ne sommes pas dans les discours démagogiques, dans les promesses illusoires, mais dans un travail collectif avec la population directement, c’est-à-dire qu’au sein de notre parti, nous amenons la population à se former. Aujourd’hui, notre parti apporte à la population congolaise des formations gratuites dans les domaines de l’entrepreneuriat, de l’agriculture, des PTNIC, des mines et autres formations diverses, etc. C’est seulement en innovant que notre pays va vivre de nouvelles choses. Je salue les efforts consentis pour qu’on puisse travailler en synergie des idées innovantes avec la population, les cadres, les experts congolais. Il faut vendre les experts congolais pour leur permettre de développer notre pays parce qu’ils connaissent ses réalités que les étrangers. Nous savons qu’il y a beaucoup de choses à faire, mais nous voyons déjà le peu qui devait être fait a commencé à être réalisé.   

C.K : Quelles sont vos ambitions personnelles par rapport aux prochains enjeux politiques et électoraux?                             

C.I.Y : Aujourd’hui, l’objectif pour nous est de rendre notre parti aux mêmes diapasons que les grandes forces politiques en présence tels que l‘UDPS et autres. Nous nous implantons chaque semaine et chaque mois à travers le pays. Nous fréquentons les coins les plus reculés du pays pour accompagner le chef de l’Etat en 2023. Nous nous préparons déjà pour les prochaines législatures et je serai candidat député national dans la circonscription de la Lukunga. Nous implantons progressivement les fédérations. Malheureusement le contexte covid-19 nous empêche de tenir de grands meetings populaires, mais nous avons l’assurance qu’avec toutes les adhésions que nous avons récoltées, le chef de l'Etat pourra compter assurément sur l’Ecco pour les échéances prochaines. Et moi, je serai effectivement candidat à la députation nationale.

C.K : Un dernier mot

C.I.Y : C’est un appel que je lance au chef de l’Etat, de rester ferme et de persévérer dans la direction qu’il a prise et de se rassurer que la population congolaise est bien derrière lui.

Propos receiillis par

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Me Chris Ileo Yoka
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