Etats-Unis : des réformes en profondeur sur la justice raciale se font attendre

Mardi, Juin 1, 2021 - 13:15

Le meurtre en mai 2020 de George Floyd, un quadragénaire afro-américain par quatre policiers, entraîne des changements remarquables au sein de la justice et de la police. En témoigne le fait que sera prononcée le 25 juin, la peine de Derek Chauvin, qui s’était agenouillé sur son cou et reconnu coupable de son supplice. Ses trois anciens collègues seront jugés en mars pour complicité.

Même si beaucoup reste encore à faire concernant le vaste projet de réforme de la justice et notamment la police, accusée de discrimination et de brutalité, la chambre des représentants donne le ton pour que de profonds changements soient entrepris. Mais les mesures adoptées ont une portée très limitée, puisque le président a beau réclamer que le Sénat adopte une réforme de la police, mais elle est bloquée par les républicains qui refusent de toucher à la large immunité dont bénéficient les forces de l’ordre.

Malgré cette sorte de résistance, l’avancée est prévisible même si l’actuel locataire de la Maison-Blanche n’a pas réussi, comme il l’espérait, à faire voter un texte contre les violences policières. On sait néanmoins que sa détermination ne souffre d’aucune entorse, car six jours seulement après son entrée à la Maison-Blanche, il avait signé de premiers décrets pour améliorer la justice raciale.

Du côté des grandes entreprises américaines, des promesses ambitieuses ont été faites sur la lutte contre les discriminations raciales. Et dans ce même ordre d’idées la ville d'Evanston est la première à avoir voté l'octroi de fonds aux résidents noirs en guise de réparation pour les discriminations en matière de logement. « Cette initiative n'est pas une réparation complète. Nous savons tous que le chemin de la réparation et de la justice dans la communauté noire va être le travail d'une génération. Il y aura de nombreux programmes et initiatives et davantage de financement », commente la conseillère municipale, Robin Rue Simmons, architecte de ce programme.

Les Américains appelés à lutter contre le racisme

C’est fort de cet élan que Joe Biden appelle l’Amérique à « lutter contre le racisme qui entache » l’âme de son pays. L’ancien président américain, Barak Obama, pense quant à lui que l’heure a sonné pour que de sérieuses transformations se fassent au sein de la justice et la police américaines. « On ne peut pas sarrêter-là », martèle-t-il, allusion faite au verdict déclarant Derek Chauvin coupable de la mort de l’Afro-Américain.

Plusieurs Américains redoutent que l’administration Biden ait du pain sur la planche en engageant des réformes dans la justice et la police. « La condamnation de George Floyd ne changera rien », à l’issue du procès de sa mort, qui ne donne aux Afro-Américains que peu d’espoir d’amélioration de leurs relations avec les policiers. « Cela dure depuis tellement longtemps, c’est comme si on ne pouvait pas le changer », estime Marquevion Rapp, un étudiant afro-américain, évoquant la longue liste de personnes noires mortes du fait de la police et sans que justice soit faite.

A la question de savoir qu’est ce qui a concrètement changé depuis la mort de George Floyd, plusieurs Américains répondent de manière laconique : « Honnêtement, rien. Des personnes noires meurent toujours ». « Malgré des millions de dollars versés dans la formation des policiers, vous avez toujours des gens qui meurent à cause de la police, et qui ne devraient pas être assassinés », confie l’un d’eux. Une situation qui conduit les membres de la famille Floyd, qui sont devenus les porte-voix de la lutte contre l’injustice raciale de marteler que « les lignes doivent bouger en profondeur ».

 

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula
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