Daniel Oba : « agissons fort pour réduire la prévalence du tabagisme au Congo, cela est possible »

Mardi, Juin 1, 2021 - 16:30

Déclarait ainsi, Daniel Oba, coordonnateur du réseau des communicateurs congolais de lutte antitabac, un jour après la célébration de la Journée mondiale sans tabac tenue le 31 mai dernier lors d’une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville

Les Dépêches de Brazzaville : Quelles sont les missions de l'ONG que vous coordonnez ?

Daniel Oba : Le réseau des communicateurs congolais de lutte antitabac qui regroupe les animateurs des ONG et associations d’éducation, les journalistes, les promoteurs des medias, les juristes, les chercheurs et autres spécialistes, a pour missions de vulgariser les mesures de lutte antitabac au Congo en particulier ; sensibiliser et éduquer la population sur les méfaits du tabagisme ; exposer les stratégies et les tactiques de l’industrie de tabac, qui sapent les efforts de protection de la santé publique ; expliquer les méfaits du tabac sur notre santé, nos économies et sur notre environnement.

LDB: Quel est le message saillant de l’OMS pour la Journée mondiale sans tabac édition 2021 ?

D.O :La demande de l’OMS pour l’édition 2021 est « s’engager à arrêter », elle exige aux fumeurs d’arrêter de fumer, surtout pendant cette période de propagation du COVID 19 qui affecte largement nos santés et nos économies car, le tabagisme altère les défenses immunitaires, réduit les capacités pulmonaires et rend l’organisme vulnérable au coronavirus. S’engager à arrêter de fumer est aussi une invitation aux gouvernements et aux organisations de la société civile des différents pays de prendre en ligne de compte la santé des fumeurs, en investissant et en développant les services de sevrage tabagique, ce qui justifie le deuxième message : « Nous devons apporter aux consommateurs du tabac l’aide dont ils ont besoin pour arrêter », il est question non seulement de prendre position contre l’industrie du tabac, mais de tenir compte du droit des fumeurs à vivre en bonne santé et de réduire les conséquences néfastes de la COVID 19.

LDB : Quelle est la situation du tabagisme et de la lutte anti-tabac en République du Congo ?

D.O : La République du Congo a intégré le processus de lutte antitabac en 1998, avec la nomination du point focal antitabac en 2005, la ratification et la mise en vigueur de la convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac en 2007. La prévalence tabagique au Congo est de 8%, elle est de 15, 6% chez les jeunes scolarisés de 13 à 15ans et de 33% chez les jeunes de plus de 15 ans. 46,8% de garçons contre 41,5% de filles sont exposés à la fumée de tabac des autres dans des lieux publics. Le Congo a mis en place un comité technique interministériel de lutte antitabac en 2010, promulgué la loi 12-2012 du 4 Juillet 2012 relative à la lutte antitabac, adhéré au protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits du tabac en 2015, publié trois décrets d’application de la loi antitabac en 2018 ; il a élaboré deux plans intégrés de communication de lutte antitabac (2011 -2015, 2017-2019) et un plan stratégique multisectoriel de lutte antitabac 2018 -2022. Le pays a fixé comme objectif la réduction du taux de prévalence du tabagisme de 8% à 4% de manière générale et de 33% à 11% chez les jeunes en particulier.  

LDB: Pourquoi l’OMS demande-t-il aux pays signataires de la convention de lutter contre les produits du tabac ?

D.O : Parce que les produits du tabac sont nocifs et mortels, ils sont très dangereux pour notre santé, nos économies et notre environnement. La fumée du tabac qui renferme plus de 4000 substances toxiques (goudrons, monoxyde de carbone, nicotine, phosphore, formol…) et plus de 60 substances cancérogènes (polonium, Benz pyrène, chlorure de vinyle…) est la principale cause des maladies chroniques, des cancers et la deuxième cause de mortalité dans le monde. Le tabagisme rend pauvre en perturbant les équilibres des budgets au niveau familial et de l’Etat ; le tabac pollue et dégrade l’environnement, il assure l’intoxication des non-fumeurs(le tabagisme passif)

LDB: Pourquoi dit-on que le tabac est une menace pour la jeunesse ?

D.O : Parce que l’industrie de tabac cible les jeunes qui constituent la couche la plus importante, elle utilise toutes les stratégies et tactiques (manipulation, mensonge, réseaux sociaux…) pour amener les jeunes à fumer très tôt et à les maintenir dans la dépendance tabagique.

LDB : Dans ce cas, que préconise le coordonnateur du réseau afin que ces fumeurs se libèrent du tabac ?

D.O : Deux approches sont possibles pour se libérer du tabac : une, individuelle, consiste à prendre une décision, un engagement, à briser les fausses croyances ou les illusions sur les produits du tabac et à éviter les comportements sociaux qui freinent le sevrage tabagique. Une autre, sociale, consiste à se faire aider, assister ou accompagner par un médecin, un ancien fumeur, un conjoint, une association de lutte antitabac, grâce aux services de sevrage développés dans le pays. Et cela est possible.

 

 

Propos recueillis par Faustin Akono
Légendes et crédits photo : 
Photo Adiac: Daniel Oba, président de la coordination du réseau des communicateurs congolais de lutte anti-tabac
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