« Un projet politique et un défi économique encore à définir », tel est le sous-titre de cet essai publié par Mon petit éditeur. Essai qui tente de détourner l’Afrique de l’explosion et de l’humiliation transgénérationnelle.
La transition vers le développement, la pacification et la démocratisation du continent africain a trop duré. La patience, disent d’aucuns, n’est pas humaine ; c’est une vertu divine car les dieux ont l’éternité devant. Parmi les humains et sur cette terre des hommes, certaines choses doivent se faire, vite et bien et tout de suite, sans trop attendre. C’est par ces premiers mots que l’auteur a voulu auto-préfacé son livre. Comme quoi, des siècles de patience et de déchéance en sont trop. Le philosophe congolais Dessinga veut traduire ici l’impatience d’un peuple d’un continent assis sur la braise des carences et des crises diverses.
En plein 21e siècle, l’auteur déplore la situation moins reluisante de l’Afrique marquée presque par les mêmes cris d’alarme, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest du continent : manque d’eau potable, carence en électricité, parodie de justice, démocratie bananière, niveau scolaire au rabais, hôpitaux devenus des mouroirs, jeunesse aux abois, chômage endémique, débrouillardise comme stratégie de survie, corruption institutionnalisée…
Pour l’auteur, « les Africains, dans l’ensemble, veulent et souhaitent voir leur cher continent autrement ». L’apport de l’essayiste dans le changement souhaité s’articule en six chapitres. Le premier, intitulé « Quand tous les rêves étaient permis » fait l’éloge du génie des pères des indépendances africaines en revisitant les lueurs d’émancipation culturelle et intellectuelle des années 1950. Lequel vent ayant permis une affirmation de soi et l’élaboration d’un système de société adapté à l’Afrique marqué par la solidarité pour des causes communes. Malheureusement la politique, par l’instrumentalisation des ethnies, a tout freiné en alimentant des divisions et des inégalités.
Les cinq autres chapitres, « Manifeste de l’éveil africain », « Le temps de la mémoire », « Les raisons de la résignation », « L’émergence africaine : au-delà de l’idéologie, la réalité », « Préalables pour une émergence vraie et non littéraire et politicienne », encouragent essentiellement : l’acceptation de l’identité africaine ; la lutte contre l’insécurité alimentaire ; la formation d’une ressource humaine diversifiée et compétente ; la valorisation de l’élite locale ; la consolidation de l’unité dans la diversité ; l’appropriation de la science et des technologies ; le partage des rêves d’intérêt général comme la protection du droit à la vie, à une vie décente pour tous, sans discrimination, par amour et par devoir.
A propos de l’auteur, Giscard Kevin Dessinga est franciscain et enseignant de philosophie. Il a déjà publié une dizaine d’essais sur l’Afrique.