Le risque d’une forte hausse des cas du nouveau coronavirus menace les structures sanitaires en Afrique, a mis en garde, le 3 juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« La menace d’une troisième vague est réelle et grandissante », a déclaré Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Nous avons vu comment la Covid-19 peut rapidement submerger les systèmes de santé qui ne sont pas équipés pour gérer une recrudescence des cas, les capacités de soins critiques restent donc d’une importance vitale », a-t-elle ajouté, lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Brazzaville, en République du Congo.
Par ailleurs, l’OMS reconnaît que le continent s'était mal préparé pour cette phase vaccinale et trop dépendant du reste du monde. Près de 99 % de la production de vaccins se fait, en effet, ailleurs qu’en Afrique. Et produire localement prendra du temps. Certains pays africains ont, d’ores et déjà, épuisé leurs stocks.
Les Africains font face à une pénurie de vaccins et cela aurait pu être évité, selon la docteresse Matshidiso Moeti. « On aurait pu se rendre compte plus tôt de l’insuffisance de la production par rapport aux besoins mondiaux. Et du coup, la décision de partager les doses disponibles aurait pu se faire aussi plus tôt. Mais, il y a actuellement d’intenses tractations politiques pour établir des unités de fabrication en Afrique ».
L’avertissement de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU intervient alors qu’au cours des deux dernières semaines, le continent a enregistré une hausse de 20 % nouveaux cas de Covid-19, en comparaison avec la quinzaine précédente.
Tout le continent africain compte désormais plus de 4,8 millions de cas, dont 131.000 décès. L’incidence a augmenté, après quatre semaines consécutives quasi stables de nouveaux cas hebdomadaires.
D’une manière générale, la pandémie progresse dans quatorze pays et, au cours de la seule semaine précédente, huit pays ont connu une augmentation subite de plus de 30% du nombre de nouveaux cas. En chiffres bruts, c’est l’Afrique du Sud, qui a enregistré la hausse la plus soutenue, avec 26.498 nouveaux cas.
Il s’agit d’une augmentation de 24%. Mais, c’est en Ouganda que l’OMS a vu ce nombre de cas bondir de 131% d’une semaine à l’autre. Des foyers d’infections ont été signalés dans les écoles. Il y a aussi une hausse de cas parmi les personnels de santé et des centres d’isolement, ainsi que des unités de soins intensifs qui « se remplissent ».
« A l’image de plusieurs africains, nous assistons à une tendance baissière de l’épidémie au Sénégal, mais il faudra faire attention », a averti le Professeur Daye Ka, membre du groupe de gestion de la Covid-19 au Sénégal.