Populaire au sein de la communauté de l’Institut national des arts (INA), la triste nouvelle de son décès inopiné, la nuit du 15 juin, a créé de l’émoi la matinée du 16 juin. En larmes, professeurs et étudiants ont tous été surpris et choqués après avoir passé la journée de la veille ensemble.
La mort dans l’âme, le directeur général de l’INA rencontré en fin de matinée a évoqué le décès de l’apprécié contrebassiste en ces termes : « Un de nos meilleurs professeurs, Rigobert Mbila, un ethnologue qui a en plus fait la philosophie de l’art aux facultés catholiques est mort brusquement dans la nuit d’hier. C’est une grande peine que j’éprouve d’autant plus que c’était un chercheur ». Pour le Pr Yoka Lye Mudaba, c’était important de souligner ce grand mérite qu’il lui reconnaissait : « il était à la fois un bon enseignant, il n’y en a pas beaucoup dans le domaine, et un chercheur ». « L’idée de l’hymne national compilé en cinq langues, dans les quatre langues nationales plus le français, est venue de lui, me semble-t-il », nous a-t-il confié. Et de préciser encore : « Lorsqu’on parle de la toute première version lingala de l’hymne national compilé, c’est à lui qu’il faut penser. Elle est de Mbila ».
De l’avis personnel du directeur général Yoka, « Rigobert Mbila est un ancêtre de l’INA. Il fait partie des gens qui ont participé à l’épopée de l’INA, c’est une partie de sa mémoire qui s’en va ainsi. Il avait à dire parce qu’il a fait énormément de choses dans le domaine de la recherche musicale. C’est une grosse perte pour l’INA. Nous nous préparons à lui rendre des hommages funéraires dignes de ce qu’il a donné à l’INA ». Et pour conclure : « C’est parmi les personnes à tenir pour les piliers de l’INA. Je le dis du fond de mon cœur et ma peine est grande ».
Une icône mais humble
De son côté, le Pr Malwengo s’est dit « bouleversé par la perte d’une icône de la section musique, expert dans l’enseignement de la contrebasse ». Puis, a complété la présentation de son collègue de la sorte : « Très tôt, ce matin, nous avons appris le décès du chef des travaux Rigobert Mbila, professeur de contrebasse, d’éthique, il est à la fois musicien et philosophe car il a un DEA en philosophie de l’Université catholique de Kinshasa ». Tout remué encore, il a raconté les contours de ce décès inopiné surprenant ceux qui l’ont vu en journée à l’INA. « Rien ne présageait cette issue fatale. Jusque hier à 14heures et même aux alentours de 15heures, il était assis dans l’attente des travaux pratiques des étudiants de la troisième année de graduat. Ayant constaté qu’il était quelque peu faible, nous lui avions dit de regagner son domicile. C’est en soirée que sa situation est allée de mal en pis. Conduit à l’hôpital, c’est à son seuil qu’il a rendu son dernier soupir », a déclaré Jean-Romain Malwengo. « Il a travaillé jusqu’au dernier moment, s’il était militaire, l’on aurait dit qu’il est mort ses armes dans la main », a conclu le chef de section musique de l’INA.
Pianiste, Michel Ngongo, également enseignant à l’INA tient pour sa part Rigobert Mbila comme « l’un des meilleurs contrebassistes que la RDC ait connu ». Et d’ajouter : « Un mélange de talent insolent mélangé aux capacités intellectuelles imperturbables au point qu'il a joint à ses études de musique au conservatoire de l’INA un master en philosophie ». Sur le plan artistique, il rappelle qu'il avait le charisme d'un grand formateur : « Rigobert Mbila a été le maître des plusieurs artistes, notamment Meje 30, Cindy le cœur, Mamie Nsingani, Chimelle Pholo, Cyprien et l’initiateur de l’ASBL Musique pour tous avec comme orchestre Waassa ».