Enfin ! Les amplis ont craché leurs watts, les micros quelques faibles larsens, la sueur a coulé sous les projecteurs, les applaudissements se sont faits entendre. Et c’est comme un sentiment d’une nouvelle vie !
Juin 1981. André Henry, nommé dans le nouveau ministère du Temps Libre, organise la « fête de la musique et de la jeunesse » à Paris pour célébrer l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir. Ce concert gratuit, réunissant 100 000 personnes avec Jacques Higelin et Téléphone, inspire Jack Lang, alors ministre de la Culture, pour créer une fête musicale populaire : La fête de la musique ! Un seul mot d’ordre : « La fête sera gratuite, ouverte à toutes les musiques, sans hiérarchie de genres ou de pratiques, et ouverte à la France entière ».
Quarante années plus tard, la fête de la musique, célébrée dorénavant dans plus de 120 pays dans le monde, poursuit toujours sa route sur les cinq continents. Après un break musical en 2020 sur un air de coronavirus en manque de décibels, la fête de la musique organisée ce lundi 21 juin par l’Institut français du Congo (IFC) de Pointe-Noire, faisait donc son come back à Ponton La Belle. Entre mesures barrières et liberté retrouvée de pouvoir s’exprimer sur la scène, c’est à l’Espace culturel Yaro, dans le quartier de Loandjili, qu’artistes et groupes se sont succédé face à un public sevré de Live Music depuis ce qui semble être devenu la nuit des temps.
Dès le début d’après-midi, le public s’était chauffé à la Ndara, cet instrument à 5 cordes originaire du district de Mindouli dans le département du Pool, et le groupe Ndara du Congo-Brazzaville ambiançait la fête à grands coups de chants et de danse traditionnels. Achille Mouebo, le roi indétrônable du Mutenfo Pop qui affiche 30 ans d’une carrière bien remplie, enchainait avec « Satan m’a jalousé » et ses plus grands succès avant de laisser place à Shadoww La Menace pour un set Hip Hop endiablé. Le Rappeur de Brazza, véritable bête de scène, aura fait étalage tout autant de la maîtrise de son flow que de la qualité de ses lyrics. Impressionnant et certainement le coup de cœur de cette très belle affiche proposée par l’IFC ! D’ailleurs ne manquez pas d’écouter son tout nouvel album « Voisin ».
La fête s’était ensuite conjuguée au féminin avec tout d’abord la très expérimentée Spirita Nanda, la « Diva » interprétant les titres de son album « Fuzion », avant de laisser la scène en effervescence à deux new comers de la musique ponténégrine, Toppé et Zina Hope. Toppé c’est le Kongo avec un grand K, costumes et maquillage en mode Africa, chants, danses et percussions et une présence sur scène qui augure d’un bel avenir. La plus jeune à l’affiche, Zina Hope, unique dans son style et dont c’était seulement le 3ème concert à son compteur, brisait quant à elle les codes de la musique congolaise avec un répertoire résolument teinté de rock, de fraîcheur et d’humour.
La soirée se concluait avec Mack Toob, artiste confirmé de la scène nationale, terminant son set avec une reprise de Bob Marley : « Is this love » ? A la question posée la réponse est oui ! C’était bien de l’amour que la fête de la musique nous a donné ce jour-là, après un temps cruel où le spectacle en quête de survie a retrouvé son appellation de spectacle vivant !