« Beauté noire » est un morceau qui a été au centre d’un buzz retentissant à sa sortie. Ecrit, composé et arrangé par Loko Massengo, alias Djeskain, ce titre l’a fait briller au firmament de la musique africaine.
C’est en 1983, à Paris, qu’il enregistre, au studio Maïa, cette merveilleuse chanson dont le producteur fut Charles Maniatakis, propriétaire du label « Safari Ambiance ». Paru en format microsillon 33 tours et en casette, sous la référence SAS 049, ce disque a connu une gloire incontestable, partant de la France, avec l’appui de Gilles Obringer dans son émission « Canal Tropical », en passant par les Caraïbes jusqu’en Afrique.
A Brazzaville, cette œuvre musicale a occupé une place importante dans le classement des chansons diffusées à Radio-Congo. Dans l’émission « au saut du lit » par exemple, « Beauté Noire » fut la chanson culte. Dans les fêtes et les bars tout le monde dansait au rythme « Bloqué Zingue », une danse inventée par Loko Massengo et son ensemble « Rumbaya international ».
« Beauté Noire » magnifie le charme de la femme africaine. Dans cette mélopée, l’artiste compare la couleur de la peau de l’africaine à celle du silure. Au chant, il est secondé par Balou Canta. Il mélange allègrement le français avec le lingala. « Que tu es belle, mon ami oh, que tu es belle. Tes yeux sont des colombes na zui maladi ya bolingo, loboko na yo ya mwasi elinga ngai na kingo oh femme noire. Obotama mokolo ya eyenga, mokolo Nzambe akopemaka beauté noire ». « Que tu es belle mon ami, que tu es belle, tes yeux sont des colombes, j’ai contracté la maladie d’amour. Que ta main gauche tienne mon cou oh femme noire. Tu es née le dimanche, jour que Dieu se repose, beauté noire ». La première strophe est tirée de la bible dans le livre de Cantique des Cantiques, chapitre 4, verset 1. Le reste est l’inspiration du chanteur. On y retrouve Syran Mbenza à la guitare solo, Ringo à la guitare rythmique, Tom’s à la basse, Boffi à la batterie, Prospère Nkouri à la percussion, Houari Mam au saxo, Jacques Bessot à la trompette, Alex Perdigon au trombone. Collette Lacoste assure la direction artistique et Philippe Manin la prise de son.
Ce titre inspirera Rapha Boundzéki quelques années plus tard pour composer sa chanson « Beauté ya boluli » qui signifie la beauté que l’on convoite. Le 14 août 2016, à la faveur de la soirée de la fête nationale de la République du Congo, dont il est originaire, l’artiste livrait un concert à la Guinguette Afro-Caraïbes de Suresnes. Une soirée de folie où le délire collectif fut boosté par Djeskain pendant qu’il chantait ce tube.
Loko Massengo a marqué le monde musical des deux Congo avant de s’envoler vers une carrière solo sur l’échiquier international. Né le 31 juillet 1947 à Brazzaville, c’est dans le groupe « Jamel National », en 1966 qu’on peut situer ses débuts. En 1967, « Le Negro Succès ». En 1968, « Vox Africa ». La même année, il va dans l’orchestre « Vévé ». En 1972, il est co-fondateur de « l’orchestre Sosoliso » ou trio MaDjeSi. Il crée, en 1978 « Les trois Frères », un autre trio avec Michel Boyibanda et Youlou Mabiala. En 1986, il est admis au conservatoire de Paris. Il est compté parmi les guéris du Covid-19.