Climat : le rapport du GIEC place les pays en développement en bonne posture avant la COP 26

Vendredi, Juin 25, 2021 - 11:19

Le sommet du G7, qui s’est récemment tenu en Grande-Bretagne, a relancé, sous l'impulsion du président américain, Joe Biden, de nombreux dossiers multilatéraux, principalement celui du climat, qui n’était pas la priorité de la présidence Trump. Depuis l’accession de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, le climat revient en tête des priorités, et le retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat et à la veille de la prochaine COP 26, qui se tiendra, en novembre prochain, à Glasgow (Ecosse), en est la preuve concrète.

Lors du sommet du G7, les dirigeants des grandes puissances ont déclaré que « l'année 2021 devrait être un tournant pour notre planète en s'engageant à une révolution verte ». Pour la première fois, les pays du G7, responsables de plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre de la planète, se sont engagés à atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050, et à réduire de moitié par rapport à 2010 leurs rejets carbonés d’ici à 2030. Le G7 a également déclaré, pour la première fois, l’objectif de ne pas dépasser un réchauffement climatique de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, soit la limite fixée par l’Accord de Paris.

Mais malgré toutes ces annonces, la divulgation anticipée des nouvelles conclusions alarmantes du Groupe international d’experts sur le climat (GIEC), quatre mois avant la COP de Glasgow, place les pays en développement dans une position plus confortable pour négocier. Riche d’environ 4000 pages, le rapport final, comme le précédent, livré en 2014, un an avant la COP 21 de Paris, doit compiler l’ensemble des publications scientifiques relatives au climat produites en l’espace d’environ six ans. Les experts du GIEC en tirent ensuite un projet de « résumé pour les décideurs ». Une sorte de digest d'une trentaine de pages dont chaque terme et chaque mot sont pesés et négociés par les délégations des 197 pays adhérents à la Convention cadre des Nations unies pour le changement climatique (CNUCC), avant d’être publié.

Dans le cas du prochain rapport du GIEC, il est prévu que ces ultimes tractations aient lieu du 14 au 18 février 2022 avant d’être approuvées dans la foulée. Et comme cela est déjà arrivé, des formulations pourraient en sortir adoucies sous la pression de certains pays. Les conséquences du réchauffement climatique risqueraient, par exemple, de ne plus être considérées comme « cataclysmiques », mais « dévastatrices ». Un terme dont les pétromonarchies du golfe s’accommoderaient sans doute bien mieux que les pays les plus pauvres et les plus vulnérables au réchauffement climatique, comme les Etats insulaires du Pacifique menacés de submersion, notamment les Iles Marshall.  

Cette fuite est ainsi à l’avantage de ces derniers pour faire prévaloir leur position dès la COP 26. La révélation brute de décoffrage des grandes lignes du futur rapport final survient cinq mois avant la tenue de cette conférence internationale à Glasgow, du 1er au 12 novembre prochain, et non plus quatre mois après la bataille, quand tombera le résumé pour les décideurs, selon l’échéance prévue.

Enfin, cette fuite pourrait également freiner les ardeurs déployées par certains pays pour édulcorer le contenu de ce document, car elle va rendre les ajustements très repérables, même si, sur le fond, cela n'enlève rien aux conclusions dramatiques établies dans les milliers de pages du projet de rapport du GIEC.

Boris Kharl Ebaka
Légendes et crédits photo : 
La lutte contre les changements climatiques, une affaire de tous/DR
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