C’est dans la méditation que les RD-Congolais ont commémoré le 30 juin, le soixante et énième anniversaire de l’accession de leur pays à l’indépendance, une souveraineté nationale et internationale acquise au prix fort grâce à la témérité de la classe politique de l’époque mue par un esprit nationaliste et autonomiste.
La célébration qui aurait dû être retentissante sur fond de la restitution à la RDC, des reliques de celui qui fut le premier Premier ministre du Congo indépendant, s’est vue redimensionnée à la suite de la pandémie de covid-19. Le Roi des Belges avait annulé son voyage pour la RDC, alors qu'il devait faire partie de la délégation chargée de ramener les restes de Patrice-Émery Lumumba à Kinshasa pour l'inhumation. Cette échéance du 30 juin 2021 est l’occasion pour les Congolais de tout bord d’évaluer le cheminement du pays, soixante ans après, et d’en tirer les enseignements en vue des projections futures. Scientifiques, politiques et acteurs de la société civile, tous se sont exprimés par médias interposés. L’exercice vaut plus pour les gouvernants invités à une réelle introspection pour dégager leur part de responsabilité dans la régression qu’a connue la RDC ces dernières décennies.
Si certains acteurs politiques ont choisi des annonces pour souhaiter, sur un ton flatteur, au chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, une bonne fête de l’indépendance, d’autres, plus lucides, se sont livrés à des sérieuses réflexions aux fins de redéfinir un nouveau schéma de développement qui sied à la République. Pour Eugène Diomi Ndongala, fils d'un des pères fondateurs de l'indépendance, Gaston Diomi, il faut simplement fomenter l’homme congolais, l’inviter à se ressaisir pour poser le tremplin de l'espoir et à dresser les fronts pour un avenir meilleur. « Cette remise en cause nous permettra de redimensionner l'homme congolais vers les objectifs tracés par nos pères fondateurs, d'un Congo libre », a-t-il indiqué dans une récente intervention médiatique.
Echec de la gouvernance institutionnelle
Soixante et un ans après, quel est l'espoir pour le Congo ? Le rêve des pères fondateurs qui ont lutté pour cette indépendance, celui d'avoir un Congo prospère, tient-il toujours ? Un questionnement qui vaut tout son sens dans un contexte d’abattement collectif et d’absence d’une volonté accrue des dirigeants à faire bouger les lignes. « La régression est du fait que la politique prédomine sur l’administration, sur tous les domaines, même sur le social, sur l’économie. J’appelle à la conscience du gouvernement central pour prendre au sérieux l’avenir et le devenir de la population congolaise », réfléchit à haute voix le maire adjoint de la ville de Bandundu (Kwilu) tout en invitant le peuple congolais à être actif pour accompagner les bonnes idées et dénoncer les antivaleurs. Il est clair que, depuis l’indépendance, plusieurs réalisations s’observent dans le sens des avancées significatives dans certains domaines de la vie des Congolais. Mais en même temps, beaucoup restent encore à faire dans d’autres secteurs, notamment celui du social, s’est plaint Rabby Ilwani.
Député national et professeur des universités, Sam Bokolombe n’est pas en reste. Pour cet éminent intellectuel, l’élément le plus retentissant de l’échec, n’est autre que la gouvernance institutionnelle. Il invite les gouvernants à prendre conscience de notre destin, à viser l’intérêt général et, surtout, à gouverner autrement. « Souveraineté et indépendance sont des concepts dont les contenus doivent être actualisés soixante et un ans plus tard », pense-t-il. Apportant sa contribution à ce débat national, le député Gaël Bussa pense que « l’heure a sonné pour que les gouvernants et les gouvernés, ensemble, dressent les fronts, longtemps courbés et pour de bon, et qu'ils prennent le plus bel élan pour travailler dans l’unité, avec amour, abnégation et patriotisme, en vue de faire du Congo-Kinshasa une nation forte et prospère au cœur de l’Afrique ».