La proposition de loi portée par le député national Nsingi Pululu, qui consacre le verrouillage de l’accès à la magistrature suprême, devra être réservé aux Congolais de père et de mère. Elle sera prochainement soumise à l’appréciation des députés.
Le député national Nsingi Pululu, accompagné de l’initiateur de la loi sur la « congolité », l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018, Noël Tshiani, a déposé, le 8 juillet, cette proposition de loi à l’Assemblée nationale. Le député Nsingi Pululu, élu du district de la Funa, dans la ville province de Kinshasa, qui estime que cette loi va permettre au pays d’avoir des dirigeants soucieux et autochtones, s’est également dit rassuré du soutien de ses collègues députés. « Nous aimons notre pays et nous voulons qu’il soit dirigé par ses véritables fils », a-t-il dit.
De son côté, l’initiateur de cette proposition de loi, Noël Tshiani Muadiamvita, s'est dit, lui aussi, déterminé à faire adopter son initiative par les députés nationaux. « La souveraineté de la RDC pour laquelle Patrice Lumumba est mort, ne se négocie pas. Ne peuvent accéder aux fonctions de souveraineté que les Congolais nés des pères et mères congolais », a expliqué l’ancien candidat à la présidentielle. Ladite loi, rappelle-t-on, consacre le verrouillage de l’accès à la magistrature suprême, qui devra être réservé aux Congolais de père et de mère.
Une vive polémique autour de l’initiative
Il est rappelé que cette initiative de Noêl Tshiani a soulevé une vive réaction dans l’opinion. Dans ces échos, beaucoup d’acteurs politiques et de la société civile congolaise se sont dits opposés à cette proposition. Sur le plan national et international, les acteurs ont également exprimés des craintes de voir ces débats sur la nationalité produire « des conséquences potentiellement dangereuses ».
Parmi ces réactions, il y a Toussaint Tshilombo, qui a notamment affirmé : « …Aucun député consciencieux et responsable ne peut voter ou discuter une loi de la désunion, de la discorde et de la division ou séparation dans un pays ». Alors que Juvenal Munubo a dit : « …Je ne pouvais pas m’imaginer qu’après le Shaba de 1992, le Rwanda de 1994, l’ivoirité et crise post-électorale, des politiques congolais pouvaient en faire promotion toute honte bue. Je m’y opposerai ». Le député Jacques Djoli Eseng’Ekeli du MLC, lui aussi, ne donne pas du crédit à cette initiative aux conséquences fâcheuses pour la nation.
Certaines avaient estimé que cette loi sur la congolité visait quelques concurrents politiques de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle 2023. Depuis l’annonce du dépôt de cette proposition de loi, plusieurs cadres du parti de Moïse Katumbi, Ensemble pour la République, étaient montés au créneau pour dénoncer « une démarche tendant à écarter l’ancien gouverneur de l'ex-province du Katanga dans la course à la présidentielle de 2023 ». Les États-Unis d’Amérique, de leur côté, partagent le point de vue de la Mission onusienne en RDC, qui craint que ce débat engendre des conséquences potentiellement dangereuses. L’ambassadeur des Etats-Unis en RDC, Mike Hammer a, via Twitter, fait savoir, le 8 juillet, que son pays était d’accord avec la Mission onusienne sur cette question.
Très optimiste, Nsingi Pululu fait, par ailleurs, savoir que cette proposition de loi dite « Tshiani » a le soutien de plus de deux cent quinze députés nationaux parmi lesquels certains élus de parti de Moïse Katumbi, contre qui la loi serait confectionnée comme l’atteste une opinion. Il constitue à soutenir que cette loi permet de faire vibrer la fibre patriotique dans la gestion de la chose publique et éviterait au pays d’être inféodé au sommet de l’État.