Mozambique : plusieurs pays prêtent main forte à l’armée régulière pour chasser les jihadistes

Jeudi, Juillet 15, 2021 - 16:21

Au moment où les shebab font régner la terreur dans la province musulmane du Cabo Delgado, frontalière à la Tanzanie, les autorités mozambicaines qui se montraient au départ réticentes à toute aide étrangère, promettent actuellement d’éradiquer les groupes islamistes responsables des violences, avec l’appui militaire extérieur. Les pays d’Afrique australe, d’Europe et d’ailleurs sont disposés à intervenir pour pacifier cette partie.

Tenant compte de l’ampleur des violences qui ont déjà fait de nombreuses victimes, le Portugal, ancienne puissance coloniale, est engagé dans la formation des troupes mozambicaines. L’Union européenne (UE) a, quant elle, formellement lancé une mission militaire de formation des forces armées du Mozambique pour aider ce pays à lutter contre les groupes jihadistes actifs dans le nord-est. Et la moitié de cette mission européenne, qui doit être dirigée par un commandement portugais, sera composée d’instructeurs militaires portugais.  Outre les soldats européens, les Etats-Unis ont aussi envoyé des militaires pour former les troupes locales.

La France, l’Espagne, l’Italie et le Luxembourg se sont déclarés prêts à répondre à l’appel du Portugal et à participer à cette mission européenne. « L’objectif de la mission est d’entraîner et de soutenir les forces armées mozambicaines pour protéger la population civile et restaurer la sécurité dans la province de Cabo Delgado », indique l’UE dans un communiqué, sans donner de précision sur les effectifs. « Le mandat de la mission a une durée initiale de deux ans. Lors de cette période, son objectif stratégique est de soutenir les capacités de développement des unités des forces armées mozambicaines qui feront partie d’une future force de réaction rapide », précise-t-on.

Du côté africain, les dirigeants des seize pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se sont accordés pour l’envoi de troupes, mais le nombre d’hommes et le calendrier ne sont pas encore connus. On sait néanmoins que l’organisation régionale avait auparavant évoqué un éventuel déploiement de 3.000 hommes. Et sans attendre longtemps, le Rwanda vient de donner le ton en annonçant l’envoi de 1000 soldats au Mozambique, dans le cadre des troupes de la SADC.

Fort de l’aide militaire étrangère, le président mozambicain, Filipe Nyusi, assure à son peuple la victoire prochaine sur les forces qui n’ont eu de cesse de terroriser la population.

Les temps à venir synonymes de désespoir pour les terroristes

« Nous ferons tout pour que les temps à venir soient synonymes de désespoir et d’agonie pour les terroristes opérant au Mozambique », dit le chef de l’Etat qui, lors du 46e anniversaire de l’indépendance du pays avait insisté sur la nécessité de ramener la paix sur l’ensemble du territoire. « Les courageuses forces de défense et de sécurité du Mozambique intensifieront les opérations pour traquer ces criminels, recevant le soutien nécessaire de la SADC et des pays amis, mais sans compromettre notre souveraineté », martèle-t-il.

Filipe Nyusi pense que hormis les troupes européennes et américaines, la future intervention des forces de l’organisation régionale va également contribuer au renforcement de l’action de l’armée loyaliste. « Les initiatives de soutien de la SADC sont un complément important à l’effort de notre pays pour faire face au terrorisme avec, en première ligne, nos forces de défense et de sécurité, qui assurent avec abnégation la souveraineté et l’intégrité territoriale, ainsi que la protection de la population », relève le président mozambicain.

Pour Willem Els de l’Institute for Security Studies, les troupes étrangères vont être déployées au Mozambique parce que Filipe Nyusi  a subi « une pression énorme » de ses partenaires puisque la situation au Mozambique n’est plus une situation locale, mais s’est également « transformée en dilemme régional ». De son côté, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), qui a récemment exhorté le Mozambique à accepter une aide extérieure « mesurée », salue l’engagement du pays en la matière et y voit « une étape supplémentaire » dans la réponse à l’instabilité dans la région.

Les attaques des jihadistes qui sèment la terreur depuis 2017 au Mozambique ont fait 2.900 morts, selon l’ONG Acled, et forcé près de 800.000 autres à fuir, selon l’ONU. L’un de ces assauts perpétré le 24 mars contre la ville portuaire de Palma s’est soldé par l’interruption d’un méga-projet gazier de 16,8 milliards d’euros, opéré par le français Total et situé à seulement quelques kilomètres de cette ville. La société pétrolière italienne ENI, qui a lancé un autre projet gazier dans la région, assure, quant à elle, ne pas être affectée et être en bonne voie pour lancer l’exploitation comme prévu en 2022.

Nestor N'Gampoula
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