Littérature : ces livres aux racines africaines de la rentrée littéraire

Vendredi, Juillet 30, 2021 - 13:32

Les nouveaux titres de la rentrée littéraire d’automne commencent à faire leur apparition dans les rayons des librairies en France qui, d’ici au mois de septembre, crouleront sous le poids de plus de cinq cents parutions. En attendant la parution de ces ouvrages, nous allons vous proposer une sélection des livres d’auteurs africains qui représentent si bien l’Afrique et sa diaspora et qui seront aussi des acteurs majeurs de cette rentrée littéraire française. Voici les deux ouvrages que nous avons sélectionnés cette semaine. 

La Plus Secrète Mémoire des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr - Editions Philippe Rey/Jimsaan

En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ? Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda. D’une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel. Le roman de Mohamed Mbougar Sarr qui paraîtra le 19 août est déjà retenu pour le prix littéraire « Le Monde ».

Né au Sénégal, l’auteur qui vit en France a déjà publié trois romans. Il a aussi reçu de nombreuses récompenses dont le prix Ahmadou Kourouma pour son roman « Terre ceinte » publié en 2015 chez Présence Africaine.

Le rire des déesses d’Ananda Devi – Editions Grasset

Au Nord de l’Inde, dans une ville pauvre de l'Uttar Pradesh, se trouve La Ruelle où travaillent les prostituées. Y vivent Gowri, Kavita, Bholi, ainsi que Veena, et Chinti, sa fille de dix ans. Si Veena ne parvient pas à l'aimer, les femmes du quartier l'ont prise sous leur aile, surtout Sadhana. Elle ne se prostitue pas et habite à l’écart, dans une maison qu’occupent les hijras, ces femmes que la société craint et rejette parce qu’elles sont nées dans des corps d’hommes. Ayant changé de sexe et devenue Guru dans sa communauté, Sadhana veille sur Chinti.

Leurs destins se renversent le jour où l’un des clients de Veena, Shivnath, un swami, un homme de Dieu qui dans son temple aime se faire aduler, tombe amoureux de Chinti et la kidnappe. Persuadé d’avoir trouvé la fille de Kali capable de le rendre divin, il l’emmène en pèlerinage à Bénarès. Comment se douterait-il que sur ses pas deux représentantes des castes les plus basses, une pute et une hijra, Veena et Sadhana, sont parties pour retrouver Chinti et le tuer ?
Des bas-fonds de l’Inde où les couleurs des saris trempent dans la misère à sa capitale spirituelle, Ananda Devi nous entraîne dans un roman haletant et riche pour fouiller, à sa manière, les questions brûlantes de notre époque : la place des femmes et des transsexuels, le règne des hommes et la sororité ; les folies de la foi, la pédophilie ; la religion, la colère et l’amour. Avec son style incisif et poétique, elle brise le silence des dieux pour faire entendre et résonner le cri de guerre des femmes. Ce roman qui paraîtra au début du mois de septembre est aussi en lice pour le prix littéraire « Le Monde ».

Ethnologue et traductrice, Ananda Devi est née à l’Ile Maurice. Auteur reconnue, elle est lauréate de plusieurs prix littéraires dont le prix des cinq continents de la Francophonie pour son roman « Eve de ses décombres » obtenu en 2006.

Boris Kharl Ebaka
Légendes et crédits photo : 
Photo 1 et 2 : Couvertures des deux ouvrages
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