Les leaders mondiaux de la santé africains mènent la bataille de la vaccination contre la Covid-19 sur plusieurs fronts. De la menace posée à l'équité des vaccins par les injections de rappel dans les pays les plus riches, à l'expiration des doses et à l'hésitation à vacciner.
Si les pays qui ont déjà accès aux vaccins décident de poursuivre les injections de rappel, cela pourrait avoir d’énormes implications et conséquences, pour la disponibilité des vaccins dans les régions africaines qui ont encore du mal à acheter des doses. Le spectre d'une plus grande réserve de vaccins plane également, car l'Union africaine (UA) prévoit de dépasser son objectif initial de vaccination de 60% en raison de la variante Delta. Si des dons de vaccins affluent enfin vers l’Afrique, ils ne sont pas tous utilisables. La majeure partie des doses envoyées désormais par la Grande-Bretagne aux pays à faible revenu expirera en septembre. Le Dr John Nkengasong, chef du CDC Afrique, a exhorté les donateurs à s'assurer que les doses qu'ils envoient ont une durée de conservation d'au moins trois à quatre mois.
Le Burundi, l'un des derniers réfractaires à la création d'un programme national de vaccination, a indiqué qu’il accepterait les dons de vaccins avec le soutien de la Banque mondiale (BM). Mais le gouvernement ne prendra aucune responsabilité pour les effets secondaires indésirables. La décision du Burundi laisserait l'Érythrée comme le dernier pays africain sans vaccin. « Nous continuons d’espérer que la situation va changer », a indiqué le Dr John Nkengasong.
La Tanzanie et le Burundi qui figuraient, eux aussi, parmi les pays hostiles en matière de vaccination en Afrique. Ils ont récemment revu leurs positions. L’OMS est encore loin de son objectif d’atteindre au moins 30 % de vaccinés en Afrique d’ici à la fin de l’année. La progression du variant Delta, détecté dans vingt-six pays, complique la donne. « Nous pourrions avoir besoin de plus de vaccins que ce que nous avions initialement prévu », a averti Dr John Nkengasong. Seuls 15 % des 520 millions de doses prévues par Covax en Afrique d’ici à fin 2021 ont été envoyées.
La perception du coronavirus en Afrique de l’Ouest
73% de personnes en Afrique de l’Ouest croient que seuls les malades de la Covid-19 peuvent transmettre le virus, selon une enquête socioanthropologique sur les perceptions de la pandémie réalisée fin 2020 dans cinq pays ( Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau et Sierra Leone). Une conviction partagée qui contribue, selon l’enquête, à expliquer « les raisons de la mauvaise adhésion aux mesures de prévention contre la Covid-19 » dans la sous-région. Les personnes interrogées considèrent d’autres remèdes comme plus efficaces que les gestes barrières. 55 % des sondés pensent, en effet, que le climat chaud africain est le premier facteur de protection contre le coronavirus, devant un traitement de médecine moderne (53,4 %) et la prière (46 %).