Le recueil de poésie publié aux éditions Edisal (Dakar) met en exergue l’humanisme du poète sénégalais qui puise dans la modernité et la tradition la substantifique moelle de son message de portée universelle.
Au carrefour des civilisations, le poète utilise l’arme de la plume pour conjurer les maux de la société. Dans le fond, le style oratoire des conteurs et des griots traditionnels influence sa poésie en vers libres.
Sur les traces de Sédar Senghor et de Hampâté Bâ, Abdourahmane Diallo veut ériger des ponts d’amitié et de fraternité humaine, pour la conjonction et la symbiose des divergences. Il appelle à l’unité africaine, au dialogue islamo-chrétien et au ressaisissement des hommes politiques en leur présentant comme modèle, Mandela. « Vous politiciens/ Moralisez la vie politique/ Cultivez des valeurs de sagesse/ Cultivez des valeurs de politesse/ Sans éthique et sans sacerdoce/ Point de développement de la cité », clame-t-il (page 25).
Il exalte par ailleurs la sagesse des veillées culturelles qui rassemblent l’élite intellectuelle du village autour du feu, et le savoir des foires du livre au cours desquelles les écrits s’entrechoquent pour enrichir les mémoires de diverses connaissances et expériences. Dans certains poèmes, il chante la beauté de son terroir et de la femme africaine ; dans d’autres, il magnifie les terres européennes visitées au cours de ses voyages, notamment Paris, Martigues, Marseille, Lisbonne…
Le seul rêve qu’il chérit est celui de voir construire « un monde de paix/ un monde d’amour/ un monde sans racisme/ un monde sans pauvreté/ un monde sans maladies/ un monde de bonheur/ un monde avec une seule race/ la grande race humaine ».
Comme le déclare Victor Hugo, « l’art doit avoir sans cesse présente…la pensée du temps où nous vivons, la responsabilité qu’il encourt », de même l’utopie fondatrice du poète sénégalais est révélatrice de son aspiration pour un monde meilleur à construire ensemble, sans mettre un talent, une race ou un genre à la touche.