La difficulté majeure vient de la marge de manœuvre trop serrée du gouvernement dont les taxes et autres redevances en vigueur dans le secteur aéronautique n’interviennent qu’à hauteur de 25 % dans le prix du billet d’avion. En outre, seulement 400 000 passagers par an utilisent ce moyen de transport au niveau national. Avec un trafic aussi insignifiant, le secteur aérien ne peut constituer un véritable service de consommation courante pour les ménages.
Entre le gouvernement et les transporteurs aériens, les négociations s’annoncent très délicates. On parle déjà d’une impasse tant les positions sont divergentes dans tous les domaines. Si la réduction à la baisse du prix des billets vient confirmer le virage social du gouvernement Sama, son impact est bien maigre sur le vécu quotidien des Congolais. Chaque année, moins de 0,4 % des Congolais utilisent ce moyen de transport pour se déplacer dans le pays. Ce nombre est tellement insignifiant qu’il ne peut donner lieu à autant d’efforts pour réguler le prix du billet. Avec un taux d’occupation qui aurait, à en croire les experts du gouvernement, augmenter de 70 à 95 %, est-il possible de réfléchir sur une baisse du prix des billets ? La résistance est forte du côté des transporteurs routiers qui vont jusqu’à récuser ce dernier chiffre. A leur tour, ils rappellent l’arrêt des activités durant six mois pour cause de covid-19 et la paralysie de deux mois du Hubb Est en RDC à la suite de l’éruption volcanique.
Depuis mai 2021, le gouvernement à travers le ministère de l’Économie nationale a initié des pourparlers avec les transporteurs aériens sur cette question. Trois mois après, les usagers attendent toujours les résultats probants qui tardent à arriver. Sur le papier, les autorités appellent à une baisse de 45 % du prix du billet d’avion pour les vols domestiques. Une démarche non payante d’autant que les taxes et redevances ne représentent seulement 25 % du coût du billet. En appliquant la décision du gouvernement dans son intégralité, les compagnies d’aviation enregistreront une diminution de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 42 %.
Au-delà, d’autres points méritent d’y accorder une certaine importance. En tout cas, du côté des transporteurs aériens, l’on évoque par exemple l’incapacité d’appliquer une vieille décision du ministère de l’Économie qui a prévu l’imposition d’un prix unique aux transporteurs aériens pour chaque destination au lieu d’une fourchette de prix minimum et maximum. Après le prix unique, il y a eu une certaine évolution dans la méthode gouvernementale de fixation du prix du billet, à travers l’indice Prix kilomètre transporté. Là aussi, des divergences sont nées des calculs de la consommation horaire. Pour un Airbus 320, les transporteurs, se référant au chiffre de l’avionneur français, expliquent que ce type d’avion consomme 4 000 litres par heure. Du côté des experts du gouvernement, cette consommation n’excède pas les 2800 litres par heure.
A l’allure des blocages dans les discussions, un forcing du gouvernement devrait avoir des effets assez préoccupants comme la suppression de certaines lignes et escales. Des observateurs avertis vont plus loin en parlant même de la disparition des compagnies viables faute de rentabilité de l’activité. Si les discussions doivent se poursuivre, les transporteurs aériens espèrent un dialogue franc qui met en avant l’argument technique pour aboutir à une baisse raisonnable.