Education : scolariser les enfants dans la langue qu’ils comprennent

Lundi, Août 9, 2021 - 18:00

Dans un nouveau rapport publié, le 8 août, la Banque mondiale a constaté que, jusqu’à 37%, des enfants scolarisés dans le monde reçoivent un enseignement dans une langue qu’ils ne parlent pas à la maison et qu’ils n’utilisent et ne comprennent pas bien.

« Enseigner aux élèves dans la langue qu’ils comprennent : cela semble être évident. Mais pour beaucoup, ça ne l’est pas. Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à des progrès considérables dans l’amélioration de l’accès à la scolarité, mais le monde se trouve toujours confronté à une crise mondiale de l’apprentissage. Bien que la plupart des pays aient un taux de scolarisation universel ou quasi-universel dans l’enseignement primaire, l’apprentissage est trop faible », indique la synthèse du rapport signé par Jaime Saavedra, directeur général, Éducation, Michael Crawford, Lead Education Specialist et Sergio Venegas Marin.

Le texte précise que plus de la moitié des élèves du primaire dans le monde sont confrontés à la pauvreté des apprentissages parce qu’ils sont incapables de lire et de comprendre un texte simple à l’âge de dix ans. Leur capacité à réussir à l’école et à investir en eux-mêmes et dans leur avenir en tant qu’adultes est compromise. Les politiques relatives à la langue d’enseignement qui devraient préparer les enfants à la réussite, les condamnent trop souvent à l’échec dès le début de l’école primaire.

Le nouveau rapport de la Banque mondiale met en évidence les nombreuses façons dont la situation peut et doit être améliorée. Lorsque les élèves reçoivent un enseignement dans la langue qu’ils parlent et comprennent bien, ils apprennent à lire mieux et plus vite. Ils sont également mieux placés pour apprendre une deuxième langue, maîtriser d’autres contenus scolaires tels que les mathématiques, les sciences et l’histoire, et pour développer pleinement leurs capacités cognitives.

Il a été relevé que les enfants qui apprennent dans leur langue maternelle sont également plus susceptibles de s’inscrire et de rester à l’école plus longtemps. Les politiques efficaces en matière de langue d’instruction améliorent l’apprentissage et la progression scolaire et réduisent également les coûts nationaux par élève, ce qui permet une utilisation plus efficace des fonds publics pour améliorer l’accès et la qualité de l’éducation pour tous les enfants.

Selon le rapport, les pays sont confrontés à des défis très divers. « Dans un pays, des dizaines de langues différentes peuvent être parlées. Dans un autre, les élèves peuvent parler une langue à la maison, une autre dans la cour de récréation et aussi être censés apprendre dans une troisième langue, la langue nationale. »

À partir des expériences variées, le rapport présente des approches réussies : enseigner aux enfants dans leur langue maternelle dès l’éducation de la petite enfance et au moins jusqu’à la fin de l’école primaire ; utiliser la langue maternelle pour l’enseignement des matières scolaires autres que la lecture et l’écriture ; introduire toute langue supplémentaire en tant que matière en mettant l’accent sur les compétences linguistiques orales ; continuer à utiliser la langue maternelle pour l’enseignement sous une forme ou une autre, même lorsqu’une autre langue devient la langue officielle d’enseignement ; et planifier, développer, adapter et améliorer en permanence la mise en œuvre des politiques relatives à la langue d’enseignement.

 

Des mesures politiques nécessaires, mais insuffisantes

 

Bien qu’elles représentent un facteur important pour la promotion de l’alphabétisation, la Banque mondiale estime que les mesures en matière de langue d’enseignement doivent être bien intégrées dans un ensemble plus vaste de politiques d’alphabétisation. Les initiatives isolées sont inefficaces. Il faut : un engagement politique et technique en faveur de l’alphabétisation, qui se traduit en partie par un engagement à mesurer et à suivre les résultats d’apprentissage ; un soutien aux enseignants sous forme de plans de cours ; un accompagnement des enseignants ; la mise à disposition de livres et de textes de qualité, et l’engagement des parents et des communautés à encourager l’amour des livres et de la lecture à la maison.

En fin de compte, pour lutter contre la pauvreté des apprentissages, le rapport indique qu’il faut une approche cohérente sur le plan pédagogique. Une approche centrée sur ce qu’il faut faire pour améliorer le processus d’enseignement et d’apprentissage entre l’élève et l’enseignant, puis chercher des moyens alignés et coordonnés pour soutenir cela à l’échelle.

« Un ensemble de politiques d’alphabétisation dans la bonne langue peut garantir une alphabétisation de base et permettre une meilleure expérience à l’école et une introduction plus facile d’une seconde langue. Les investissements dans les systèmes éducatifs du monde entier ne produiront pas d’améliorations significatives de l’apprentissage si, finalement, les élèves ne comprennent pas la langue dans laquelle ils sont enseignés », a conclu la Banque mondiale.

Yvette Reine Nzaba
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