Mali: plus de 50 civils tués dans des raids

Mardi, Août 10, 2021 - 12:30

Un massacre de civils a eu lieu, le 8 août, dans le nord du Mali, lors d'attaques imputées aux djihadistes contre trois localités voisines, proches de la frontière avec le Niger.

Selon un bilan provisoire des autorités, 51 personnes ont été tuées dans des attaques simultanées contre les villages de Karou, Ouatagouna et Daoutegeft, dans la région de Gao, dans le nord-est du Mali. Des maisons ont été saccagées et incendiées et du bétail emporté. Le massacre non revendiqué a été confirmé, le 9 août, par le porte-parole de l’armée malienne, le colonel Souleymane Dembélé.

« A Karou, 20 civils ont été massacrés. A Ouatagouna, 14 civils ont été tués et dans le hameau de Daoutegeft, d'autres civils ont été massacrés », a annoncé un élu d'une de ces localités.

Les assaillants sont arrivés à moto et ont pris les villageois par surprise, a-t-il ajouté. Selon les autorités militaires, les villages de Karou, Ouatagouna, Dirgua et Daoutegeft, situés à la lisière de la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, auraient été ciblés en guise de représailles à l’arrestation, une semaine plus tôt, de deux chefs rebelles, dénoncés par les habitants de deux de ces communes.

Un élu d'une quatrième localité a également rapporté une attaque contre son village. Un détachement militaire a été dépêché sur place pour porter secours aux populations, a indiqué un responsable de l'armée.

Par ailleurs, un responsable d'une ONG malienne a souligné que les communications avec la zone, très isolée, étaient mauvaises. La région, comme une partie du nord du Mali, a été largement coupée des réseaux, ces derniers jours, à cause des attaques attribuées aux djihadistes contre les infrastructures de télécommunications.

L’ampleur de l’attaque du dimanche représente un autre pied de nez à la junte au pouvoir qui avait justifié le putsch du 18 août 2020 par l’insécurité régnant au Mali et le manque de moyens de l’armée. Leur entrée en scène avait été acclamée par des milliers de Maliens aspirant à une paix durable, après une décennie de conflit marqué par des atrocités commises sur des civils par les deux camps.

Un rapport de la force de maintien de la paix de l’ONU au Mali (Minusma) a ainsi recensé, pour le compte du 2e trimestre 2021, 43 exécutions extrajudiciaires commises par les Forces de défense et de sécurité maliennes. Les atteintes aux droits de l’homme, perpétrées par les groupes armés et les milices communautaires, ont également augmenté, atteignant 258 cas, pour les six premiers mois de 2021, soit 88% du nombre total de cas signalés en 2020. La Minusma a aussi documenté 435 enlèvements, pour les six premiers mois de cette année, cinq fois plus que toute l’année 2020.

Depuis les événements de 2012, malgré la présence des forces étrangères et de l’ONU, le conflit malien s’est enlisé, avec une activité djihadiste toujours aussi meurtrière. Les insurrections indépendantistes et maintenant djihadistes menées par des groupes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, ainsi que les violences intercommunautaires et les exactions de toutes sortes, y compris de la part des forces de sécurité, ont fait des milliers de morts civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusienne, française et étrangère.

Josiane Mambou Loukoula
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