Nord-Kivu : les élus provinciaux pour une requalification de l'état de siège

Mardi, Août 17, 2021 - 19:15

Pour la sixième fois consécutive, le Parlement est en passe de prolonger l’état de siège décrété dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Décrété depuis le 3 mai dernier par le chef de l’Etat, ce mode de gestion desdites provinces est aujourd’hui au cœur d’une vive controverse quant à sa nécessité par rapport au contexte de l‘heure.

Des langues se délient de plus en plus dans le microcosme politique congolais, soit pour soutenir ce prolongement, soit encore pour appeler à sa mise à terme. S’il est vrai que cette mesure exceptionnelle visait notamment à pacifier les deux provinces en proie aux massacres des groupes armés locaux et étrangers, il est clairement établi aujourd’hui que l’état de siège est sujet aux dérives de tous ordres. A l‘heure de l’évaluation de l’état de siège instauré dans les deux provinces avec l’installation des gouverneurs militaires, les abus touchant aux droits humains sont enregistrés au quotidien.

Sans ambages, les élus provinciaux du Nord-Kivu ont, dans une récente déclaration, confirmé les allégations de non-respect des droits de l’homme dans ces coins du pays sur fond d’exacerbation de la violence. Trois mois après que le président de la République, Félix Tshisekedi, a décrété l’état de siège dans cette partie du pays, ces députés ont dressé un triste bilan. Il s’agit de quatre cent quarante civils tués, plus de vingt-cinq véhicules incendiés, plus de dix motos calcinées, plusieurs villages vidés de leurs habitants à la suite de la persistance de l’insécurité caractérisée par des massacres des populations civiles dans les régions de Beni, Lubero, Rutshuru, Walikale, Masisi, Nyiragongo ainsi que les villes de Goma, Butembo et Beni.  

Pour ces élus qui s’insurgent contre toute prolongation de l’état de siège, du moins dans son format actuel, il y a lieu de requalifier son action afin de booster son efficacité qui passe notamment par sa délimitation dans les zones gravement affectées. Ils exhortent par conséquent les Fardc « à se concentrer sur les véritables ennemis de la paix dont les ADF, les FDLR et les autres groupes armés et s’abstenir de faire des élus légitimes du peuple les cibles ».

Pour ce faire, ils invitent le président de la République à reconsidérer l’ordonnance décrétant l’état de siège en vue de sa requalification sous un format capable de produire des résultats rapides sur le terrain et de favoriser la consultation populaire avant toute prolongation.», peut-on lire dans cette déclaration. En conclusion, ils se sont déclarés opposés à toute prorogation de l’état de siège sans prise en compte des réalités de terrain « au risque de comploter contre toute la population du Nord-Kivu ».

Alain Diasso
Notification: 
Non