Mozambique : les forces régionale et rwandaise s’emploient à pacifier la partie septentrionale

Lundi, Août 23, 2021 - 14:15

Une mission militaire des pays d’Afrique australe et du Rwanda, visant à aider Maputo à lutter contre les djihadistes qui sèment la terreur dans le nord-est  du pays, enregistre des succès face aux insurgés. Après son lancement le 9 août, elle ne cesse de gagner du terrain dans la province à majorité musulmane du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie, dans le but de reprendre le contrôle de toute la région.

Tout a commencé par la reprise de Mocimboa de Praia, cible de la première attaque djihadiste au Mozambique, en octobre 2017, qui était aux mains des insurgés depuis le 12 août 2020, ainsi que celle de la localité d’Awasse. Une opportunité ayant permis au président mozambicain, Filipe Nyusi, de se féliciter « des nouvelles de ces derniers jours concernant le succès de la mission » militaire de la Communauté de développement d’Afrique australe au Mozambique et alliés.

« Le contrôle de la ville de Mocimboa da Praia et le retour progressif des mouvements entre Palma et Mocimboa da Praia sont le produit de la bravoure et de l’effort concerté des forces dans le but de ramener rapidement la stabilité dans la région », relève le chef de l’Etat, en référence particulièrement aux soldats loyalistes soutenus par les troupes rwandaises et de la coalition. « Nous réaffirmons notre engagement commun à lutter contre l’extrémisme », ajoute Filipe Nyusi.

Si rien n’est signalé sur la taille du contingent de la force de la SADC ou son calendrier de déploiement, on sait néanmoins, de source proche des forces armées sud-africaines - colonne vertébrale du contingent -, que la mission militaire régionale pourrait compter à terme jusqu’à trois mille militaires. A la demande de Maputo, le Rwanda a envoyé, le 9 juillet, un millier de soldats pour renforcer l’armée mozambicaine. Une semaine plus tard, les États membres du bloc des seize nations de la SADC ont commencé à déployer des troupes.

L’Afrique du Sud, frontalière du Mozambique et puissance régionale, a annoncé l’envoi immédiat de 1495 militaires. Le Botswana - dont le chef de l’Etat Mokgweetsi Masisi préside l’organe de la SADC chargé de la politique, la défense et la sécurité -, a envoyé 296 soldats le 26 juillet.

Les opérations de sécurisation se poursuivent

Le Zimbabwe envisage d’envoyer trois cent quatre éléments pour former les unités d’infanterie du Mozambique. L’Angola devait déployer, à partir du 6 août, vingt officiers de l’armée de l’Air, tandis que la Namibie contribuera à hauteur d’environ  quatre cent mille dollars aux opérations de contre-insurrection.

« Nous allons continuer les opérations de sécurisation pour pacifier totalement les zones reprises », ce qui permettra aux forces alliées de mener des opérations de stabilisation quand les personnes déplacées retourneront chez elles, confie le porte-parole de l’armée rwandaise, le colonel Ronald Rwivanga, dont le pays, non membre de la SADC, a été le premier à déployer des troupes pour aider le Mozambique face aux djihadistes.

En raison des avancées réalisées par la mission militaire régionale et les troupes rwandaises, le gouverneur Valige Tauabo veut d’ores et déjà « organiser le retour des habitants » qui avaient fui les combats, mais plusieurs experts sont sceptiques à ce sujet. « Très risqué d’autoriser le retour de la population à ce stade, ce serait difficile de distinguer les habitants des djihadistes », prévient Enio Chingotuane, expert au Centre d’études stratégiques et internationales. « Les rebelles sont des gens d’ici, ils peuvent facilement se fondre au milieu de la population pour créer ensuite de l’instabilité », dit-il.

Joao Feijo, chercheur à l’Observatoire de l’environnement rural, spécialiste des groupes armés, pense que ce n’est pas encore le moment de faire revenir la population, parce que les insurgés pourraient avoir opéré un repli stratégique et se cacher non loin.

Les djihadistes faisaient régner la terreur dans la province du Cabo Delgado, incendiant les villages et décapitant des civils. Leurs attaques sont montées en puissance depuis un an. Le 24 mars dernier, un assaut d’ampleur de la ville portuaire de Palma a inquiété la communauté internationale. Cette attaque, l’une des plus importantes depuis le début des violences djihadistes dans la région, a interrompu un mégaprojet gazier de 16,8 milliards d’euros, opéré par le groupe français Total et situé à seulement quelques kilomètres de Palma. Il s’agit de l’un des plus importants projets de gaz naturel liquéfié d’Afrique.

Les attaques dans le nord-est du pays ont tué 2 900 personnes, selon l’ONG Alced, et forcé près de 800 000 autres à fuir, créant une grave crise humanitaire, selon l’ONU.

Nestor N'Gampoula
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