Près de quatre cents dirigeants africains participeront à la Rencontre des entrepreneurs francophones qu’organise le Mouvement des entreprises de France (Medef) « À l’air libre », à l’Hippodrome de Paris-Longchamp, du 24 au 26 août.
L’Afrique était déjà présente à Paris, en mai, lors du sommet piloté par Emmanuel Macron sur le financement des économies africaines, lequel avait attiré une trentaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le Congolais Denis Sassou N’Guesso.
Trois mois plus tard, en cette fin août, au cours de cette imposante rencontre avec celles et ceux qui font l’actualité, c’est un vaste gotha politique africain qui participera aux différents panels. Parmi les personnalités ayant déjà confirmé leur présence figurent Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar, ainsi que Patrick Achi, Premier ministre ivoirien.
Pour sa part, la République du Congo prévoit la participation, entre autres, de Rigobert Roger Andely, ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, et Nick Fylla de Saint-Eudes, ministre du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé. Du côté de la République démocratique du Congo (RDC), sont annoncés Yves Bunkulu Zola, ministre de la Jeunesse, et Désiré-Cashmir Kolongele Eberande, ministre du Numérique.
En dehors des politiques, les chefs d’entreprise et économistes se bousculent également pour participer aux travaux. Sur les 456 patrons de trente et une nationalités inscrits, 380 feront le voyage de plus d’une quinzaine de pays africains, dont l’Algérie, le Cameroun, la République du Congo, la RDC, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Maroc, Maurice, le Sénégal, le Togo, la Tunisie et le Bénin, avec la présence de Lionel Zinsou, président de SouthBridge et ancien Premier ministre du Bénin.
La présence de vingt-cinq présidents d’organisations patronales nationales confirme l’importance de cette « première » pour le Medef. Parmi ces dignitaires, on retrouvera Samir Majoul, président de l’Utica tunisienne; Thierry Awesso, vice-président du Conseil national du patronat togolais; Jean-Marie Ackah, président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire; ainsi que Chakib Alj, président de la CGEM marocaine.
Dans une interview accordée à Jeune Afrique le 4 juin dernier, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, précise que l’idée de cette initiative serait venue du chef de l’État sénégalais, Macky Sall: « Il y a un an, Macky Sall, le président sénégalais, nous a tenu un discours dans lequel il a souligné que nous avions la même langue, la même culture, le même droit et que nous pourrions faire plus d’affaires ensemble ».
Fabrice Le Saché, vice-président du Medef et cheville ouvrière de la manifestation, s’interroge à ce sujet : comment ignorer que la Francophonie pèse 18 % du PIB mondial et que son taux de croissance annuel moyen avoisine les 7 % ? Et que deux pays qui utilisent la même langue tendent à échanger 65 % de biens et services de plus que les pays privés de cet avantage ? « Il s’agit de faire du français une langue utile. Autrement dit, profiter du plus grand dénominateur commun qu’elle représente pour en faire une langue d’affaires, pour tisser des liens et pour signer des contrats », expliquait-il.
Quels thèmes seront abordés pour commencer à bâtir cette francophonie économique ? « La formation et l’éducation, la ville durable, le numérique, la transition écologique, les infrastructures », répond le vice-président.
Du côté des dirigeants africains, l’intérêt pour cette mise en contact intercontinental, puisque l’Asie et l’Amérique y participent également, est évident. L’Afrique a des besoins énormes en matière d’infrastructures, de débouchés, de savoir-faire et de financements pour créer les millions d’emplois de qualité rendus indispensables par sa natalité galopante. Il lui faut le renfort de puissants investissements étrangers qu’elle a besoin de rassurer sur sa capacité à faire fructifier ses évidentes potentialités.
Le Medef et ses partenaires francophones devraient conclure leurs travaux en adoptant un communiqué qui pérennisera la Rencontre des entrepreneurs francophones. Un comité d’organisation sera également chargé de mettre sur pied des retrouvailles annuelles articulées autour d’une « action structurante » et d’un sujet de réflexion tels que la formation professionnelle ou les finances publiques.
Notons qu'à l'ordre du jour de l'agenda du Premier ministre congolais, Anatole Collinet Makosso, est prévue, à la même période que la tenue de l'université du Medef, une visite officielle en France. Celle-ci lui permettra, non seulement d'honorer des rendez-vous relatifs à la coopération bilatérale, mais à n'en pas douter, de rencontrer les différents acteurs de la Francophonie économique.