Afghanistan : les talibans appelés au respect des droits des femmes

Mercredi, Août 25, 2021 - 13:09

Dans sa résolution sur l'Afghanistan adoptée le 24 août, l'Organisation des Nations unies a prévenu les talibans que les droits des afghanes sont une ligne rouge à ne pas franchir.

La résolution souligne la « nécessité d'enquêter rapidement et de manière transparente » sur toutes les allégations de violations des droits humains et du droit international humanitaire « commises par les différentes parties au conflit, et d'amener les responsables à rendre compte de leurs actes ».

Cependant, le texte adopté par consensus à l'issue d'une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'homme sur l'Afghanistan ne prévoit pas de mécanisme international d'investigation, comme le réclamaient les ONG et certains pays, dont ceux de l'Union européenne (UE), et se contente de demander à la Haute commissaire Michelle Bachelet de présenter un rapport écrit au premier trimestre 2022.

L'UE, par la voix de l'ambassadrice autrichienne Elisabeth Tichy-Fisslberger, a regretté que la résolution « ne soit pas à la hauteur des ambitions que la situation en Afghanistan exige », déplorant que le texte présenté par l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ne mentionne même pas les talibans et s'abstienne de demander une enquête internationale indépendante.

« Pour les défenseurs afghans des droits humains et les militants des droits des femmes, qui assistent avec horreur à l'effondrement de l'Etat de droit autour d'eux, (la résolution) est davantage une insulte qu'une réponse », a jugé l'ONG Human Rights Watch.

Pendant les débats, Michelle Bachelet a d'ores et déjà appelé les talibans à respecter leurs promesses en matière des droits humains et, en particulier, des droits des femmes: « Il incombe désormais aux talibans de traduire ces engagements en réalités », a-t-elle dit.

« Une ligne rouge fondamentale sera la façon dont les talibans traitent les femmes et les filles », a-t-elle poursuivi, en insistant sur « l'accès à une éducation secondaire de qualité pour les filles ». Elle a également demandé la mise en place d'un gouvernement « inclusif », avec une représentation significative des femmes.

Pendant les débats, une soixantaine de pays a présenté une déclaration conjointe lue par la représentante espagnole auprès des Nations unies, Aurora Diaz-Rato, demandant notamment « l’arrêt immédiat des assassinats ciblés de défenseurs des droits des femmes ».

La réunion s’est tenue à la demande du Pakistan, en tant que coordinateur de l'OCI sur les droits humains et les questions humanitaires, et de l'Afghanistan, représenté par Nasir Ahmad Andisha, le diplomate que l'ancien gouvernement avait nommé, avec le soutien de près d'une centaine de pays, dont la France et les Etats-Unis.

Depuis leur prise du pouvoir le 15 août, les talibans tentent de convaincre la population qu'ils ont changé et que leur régime sera moins brutal que le précédent, entre 1996 et 2001. Ils avaient alors imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.

Les talibans affirment aujourd'hui qu'ils respecteront les droits des femmes et qu'elles seront autorisées à recevoir une éducation et à travailler. Mais cela n'endigue pas le flot de ceux qui ne croient pas en leurs promesses et veulent à tout prix partir.

Yvette Reine Nzaba et AFP
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