Depuis que l’Inspection générale des finances (IGF) a retrouvé ses marques après plusieurs années d’hibernation en exerçant pleinement sa mission de contrôle, de nombreux cas de détournement de deniers publics sont mis à jour et leurs auteurs livrés à la justice.
Le dernier cas en date est celui de l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo, sur qui pèsent des graves soupçons de détournement des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de Coronavirus. Ministre de la Santé de 2019 jusqu'à avril dernier, l’incriminé avait été déjà interpellé en août 2020, par l’IGF qui l’avait soupçonné d'avoir détourné plus de sept millions de dollars destinés à la lutte contre cette maladie en République démocratique du Congo (RDC) dont la gestion était caractérisée par « l'absence des pièces justificatives probantes des dépenses effectuées ».
Nonobstant la restitution qu’il avait faite au Trésor public de quelques sommes pour se dédouaner parmi lesquelles la prime trop perçue, la différence sur la décontamination du Palais du peuple ainsi que le double paiement effectué par la Banque centrale du Congo, l’ex-ministre était toujours dans le collimateur de l’IGF. C’est sur ces entrefaites qu’il sera placé sous mandat d'arrêt provisoire avant d’être acheminé le 28 août au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, l’ex-prison de Makala. Il est à noter qu'Eteni Longondo est le premier cadre du parti présidentiel, Union pour la démocratie et le progrès social, arrêté pour détournement des deniers publics.
Alors que le dossier judiciaire de l’ex-ministre de la Santé est encore tout frais, le gouverneur de la province du Kongo central est lui aussi tombé dans le même piège. En effet, l’IGF a décelé des malversations financières à l’issue de sa mission de contrôle dans cette province et a saisi la justice à propos. Il a été confirmé le détournement de plus de huit millions de dollars. C’est sur la tête du gouverneur Atou Matubuana que pèse cette lourde charge avec, pour accusés, Claude Nzeza Zingeti, directeur de cabinet du gouverneur, et Jean-Willy Mafuala, comptable public principal. L’IGF accuse également le chef de l’exécutif du Kongo central d’avoir, à travers ses collaborateurs, détourné plus de cinq millions de dollars sortis de la caisse du bureau comptable pour de « prétendus frais secrets de recherche sans un quelconque soubassement ».
Entre-temps, le dossier Matata Ponyo, accusé d’être à la base du détournement des millions de dollars que le gouvernement de la RDC avait mobilisés, en son temps, pour le méga projet agricole Bukanga Lonzo, reste toujours pendant. Rappelons que dans son rapport rendu public le 18 novembre 2020 sur les causes de la débâcle financière dudit projet, l’IGF a affirmé que la RDC avait perdu 205 millions de dollars dans ce qui peut être considéré aujourd’hui, au regard des révélations troublantes, comme une véritable arnaque.
Rappelons que la RDC était classée, en 2020, cent soixante-dixième sur cent quatre-vingt pays en matière d’efforts dans la lutte contre la corruption, à en croire un rapport de l’ONG Transparency international. Une des raisons qui a poussé l’IGF à mener davantage un grand combat de traque contre les détourneurs de deniers publics et les réseaux mafieux, pour sortir le pays de la zone rouge en matière de lutte contre la corruption.