Mer de Chine méridionale : Washington et Pékin s’accusent de vouloir contrôler la zone

Jeudi, Septembre 2, 2021 - 12:45

Alors que la Chine continue de revendiquer la quasi-totalité de la zone stratégique riche en ressources et par laquelle transite une grande partie du commerce maritime mondial, mais est accusée d'y déployer des installations militaires, les Etats-Unis donnent un nouvel avertissement aux autorités chinoises pour qu'elles renoncent à leurs revendications sur les eaux contestées.

« Nous allons parler haut et fort si Pékin prend des mesures qui menacent l'ordre international », a déclaré la vice-présidente américaine, Kamala Harris, qui vient de rentrer dans son pays après une visite à Singapour et au Vietnam pour tenter de relancer les alliances des Etats-Unis. Cela a lieu au moment où les délégations américaine et chinoise ont entamé des discussions à Washington sur l'influence politique et la domination navale dans la région indo-pacifique. « La liberté de navigation (...) est une question vitale pour cette région », a-t-elle insisté.

Kamala Harris est intervenue sur ce dossier alors que les tensions se sont aggravées ces derniers mois entre Pékin et les pays qui contestent ses revendications maritimes. Il s’agit précisément des Philippines, du Vietnam, de la Malaisie, de Brunei et de Taïwan qui ont des revendications de souveraineté concurrentes sur la zone face à la Chine. Manille a fait part de sa colère après avoir repéré des centaines de bateaux chinois dans la zone économique exclusive philippine, tandis que la Malaisie a déployé des chasseurs pour intercepter des avions militaires chinois qui ont fait une incursion près de ses côtes.

« La marine américaine maintiendra une forte présence en mer de Chine méridionale », a promis la vice-présidente, affirmant vouloir « aider le Vietnam à y développer ses capacités de sécurité maritime » au moment où Pékin est accusé d'y déployer des équipements militaires, dont des lance-missiles et de saper l’ordre international fondé sur le droit et à menacer la souveraineté des nations.

Washington accuse les autorités chinoises d'intimider leurs voisins. Malgré cela, Kamala Harris assure que les États-Unis ne « cherchent pas un conflit » avec Pékin, mais resteraient « engagés envers leurs partenaires ».

L’empire du Milieu dément les allégations portées sur ses dirigeants

« Notre engagement en Asie du Sud-Est et dans la région indo-Pacifique n'est pas dirigé contre un pays quel qu'il soit et ne vise pas à forcer quiconque à choisir entre les pays », affirme-t-elle. La vice-présidente promet un « engagement pérenne » des Etats-Unis en Asie et réitère la détermination américaine « à faire respecter un ordre basé sur le droit international et la liberté de navigation, notamment en mer de Chine ».

La Chine ne s’empêche pas de son côté de démentir les allégations portées contre ses autorités. Par la voix du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, la Chine dit « s’opposer fermement au déploiement de forces (...) pour intervenir dans les affaires régionales et perturber la paix et la stabilité régionales ». « Les Etats-Unis peuvent intimider d'autres pays sans en payer le moindre prix », rétorque le porte-parole de la diplomatie chinoise, faisant allusion à l'intervention américaine en Afghanistan. Les médias d’Etat chinois accusent, quant à eux, Washington de vouloir « creuser un fossé » entre les pays d'Asie du Sud-Est et leur nation.

Le 13 juillet de l’année dernière, les États-Unis avaient, par la voix de l’ex-secrétaire d’État Mike Pompeo, jugé « illégales » les prétentions de Pékin sur la mer de Chine méridionale. Quelques mois auparavant, soit le 21 janvier, le Japon avait, dans une note verbale transmise aux Nations unies, déclaré les revendications de Pékin en mer de Chine du Sud « sans fondement », estimant qu’elles sont en contradiction avec la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni considèrent, dans leurs propres notes envoyées à l’ONU le 16 septembre dernier, que les revendications de la Chine sur cette zone sont « injustifiées » et contraires au droit international.

Les Etats-Unis et la Chine ont des relations glaciales sur plusieurs différends, allant de la cybersécurité à la lutte pour la suprématie technologique ou aux violations des droits de l'Homme à Hong Kong et au Xinjiang. Et l'administration de Joe Biden poursuit pour l'essentiel le bras de fer entamé par Donald Trump.

Nestor N'Gampoula
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