mLe vice-Premier ministre et Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières a pris part, le 29 août, à la cérémonie commémorative organisée au Kongo central, en marge de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Dans cette interview accordée au Courrier de Kinshasa, il insiste sur l’importance que revêt ce patrimoine historique, point d’embarquement des esclaves à l’époque de la Traite dont il a vu les vestiges.
Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Vous représentez le Premier ministre à la cérémonie organisée à Nsiamfumu pour la pose de la première pierre des travaux de mise en valeur du site. Quel sens le gouvernement donne-t-il à cet événement ?
Daniel Aselo Okito (D.A.O.) : Le Congo est une nation très importante tant au niveau de l’Afrique que du monde. Beaucoup de faits historiques marquants s’y sont déroulés. Et dans le cas de Nsiamfumu, il s’agit de la traite négrière. Congolais, Africains et Afro-descendants d’aujourd’hui, le monde dans son ensemble doit savoir ce qui s’est produit, la tragédie qu’ont vécue nos ancêtres à Nsiamfumu. Il en reste quelques vestiges, il existe encore des traces de cette grande tragédie à ce jour qui peuvent permettre au monde de savoir ce qui s’y est réellement passé. Le gouvernement de la République a tenu à organiser la cérémonie de ce dimanche 29 août, en marge de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, commémorée d’ordinaire le 23 août. À travers cette commémoration, la République inaugure les activités qui vont à l’avenir permettre aux Congolais de mieux connaître l’histoire de la traite négrière attachée au site de Nsiamfumu.
L.C.K. : Nsiamfumu n’est pas l’unique site de la République démocratique du Congo (RDC) en rapport avec la tragédie de la traite négrière. Le gouvernement a-t-il en vue de dupliquer l’action amorcée ici ? Si oui, jusqu’où entend-il étendre cette initiative visant à valoriser notre patrimoine historique ?
D.A.O. : Je ne suis pas le seul membre du gouvernement à me trouver au Kongo central, plus précisément à Muanda, ce jour. Les ministres du Tourisme, de la Culture ainsi que de l’Enseignement supérieur et universitaire font également partie de la délégation présente ici. C’est dans le souci de préserver ces importants vestiges et traces de la Traite que le gouvernement a décidé d’y engager une équipe aussi costaude. Ce n’est que le début d’un programme. La présence du ministre du Tourisme dans la délégation est la preuve de son implication dans un programme qui commence ici certes, mais s’étendra partout, dans toute la RDC car le Congo est un et indivisible. Le travail qui va être fait concerne l’ensemble du pays.
L.C.K. : La restauration du patrimoine historique devrait permettre d’organiser le tourisme mémoriel à travers les différents sites en rapport avec la Traite comme Nsiamfumu. Vous gérez l’intérieur et la sécurité, quelles sont les garanties offertes par le gouvernement pour assurer un séjour paisible aux touristes désireux d’en faire la visite dès lors qu’au regard de la situation trouble dans l’Est, la RDC est considérée comme une zone rouge ?
D.A.O. : La question sécuritaire a trait à la vie de tous les jours, elle n’épargne personne. Sinon, je ne voudrais pas citer le pays, cette tragédie que l’on a déploré récemment ne se serait pas produite. Cependant, dans tous ses discours, depuis qu’il a accédé au pouvoir, le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, ne cesse d’insister sur l’importance de la sécurité dans notre pays. La question de sécurité n’épargne aucun secteur de la vie nationale, elle est primordiale. Et, moi, en tant que ministre de l’Intérieur et de la sécurité, je crois pouvoir affirmer que c’est l’une des missions premières que m’a confié le gouvernement de la République. Je l’assume avec responsabilité. C’est vrai qu’il y a des problèmes ici et là, mais la question de l’Est ne date pas de Félix Tshisekedi ou du gouvernement des warriors. Nous travaillons avec entrain pour que la situation change radicalement. En ce qui concerne Nsiamfumu, nos visiteurs à venir se rendront bien compte que l’ensemble du Kongo central est sécurisé. Ils y viendront et rentreront à Kinshasa, puis dans leurs pays respectifs, sans être inquiétés.
L.C.K. : En perspective du développement du tourisme mémoriel en RDC, la Fondation Eric-Impion a organisé une conférence au mois de mai à Kinshasa. Des Afro-descendants venus des Etats-Unis y ont pris part. Brazzaville veut mettre sur pied une organisation qui va dans le même sens, le gouvernement n’envisage-t-il pas lui aussi de s’impliquer de sorte à mieux asseoir l’initiative, la renforcer à travers un partenariat qui pourrait lui assurer un leadership en la matière ?
D.AO. : Je ne pense pas qu’en matière de Traite négrière tous les pays ont été touchés de la même manière. Ici, en RDC, nous allons nous organiser et établir des partenariats parce que ce drame, nous le partageons avec plusieurs pays africains. Nous avons un comité scientifique qui y travaille, il lui revient d’étudier la question et proposer les pistes à suivre dans la suite. Si le gouvernement décide alors de la manière dont il faudra aborder un partenariat avec le Bénin, le Congo-Brazzaville, le Sénégal, ces pays qui ont été touchés par la même tragédie, ou avec d’autres associations susceptibles de contribuer à atteindre notre objectif, vous en serez informés. Mais pour l’instant, c’est Nsiamfumu qui nous intéresse. Pour l’heure, le gouvernement de la République qui aura le rapport de cette mission décidera de la suite à lui donner.