Guinée : la France condamne la tentative de putsch

Lundi, Septembre 6, 2021 - 14:15

Le Quai d’Orsay a réagi par communiqué au coup de force  de militaires ayant destitué, le 5 septembre, le président Alpha Condé.

Paris a condamné la tentative de prise de pouvoir par la force en Guinée et appelé à « la libération immédiate et sans conditions du président Alpha Condé », indique un communiqué du Quai d’Orsay.

Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé avoir capturé le chef de l’Etat et annoncé la dissolution des institutions. Les forces spéciales, une unité d’élite de l'armée guinéenne, ont diffusé une vidéo devenue virale montrant le président Alpha Condé entre les mains des putschistes, qui ont annoncé un couvre-feu dans tout le pays jusqu’à nouvel ordre. « Nous avons décidé, après avoir vu le président qui est avec nous, de dissoudre la Constitution en vigueur, dissoudre le gouvernement, et la fermeture des frontières terrestres et aériennes »,  a déclaré le chef putschiste, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Il a dénoncé la gabegie et promis « d’engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée ». Les autorités légitimes ne répondent plus.

« On a tout Conakry et on est avec toutes les forces de défense et de sécurité pour enfin mettre fin au mal guinéen », a assuré Mamady Doumbouya,  ancien Légionnaire de l’armée française,  recruté personnellement par Alpha Condé depuis la France, notamment pour lutter contre le terrorisme.  Il justifie son action par « le dysfonctionnement des institutions républicaines […], l’instrumentalisation de la justice et le piétinement des droits des citoyens ». C’est l’écriture démocratique qui vient d’être gommée en Guinée. Un coup d’Etat est un rétropédalage de la démocratie, car il marque un arrêt dans l’échelonnement constitutionnel.  La rétribution du pouvoir devrait toujours passer par les urnes. Selon les putschistes, l’acte qu’ils viennent de poser est « une action inaugurale permettant de créer les conditions d’un Etat de droit ». L’histoire politique de la Guinée est marquée  par des violences, des injustices et des inégalités, où la volonté du plus fort supplante parfois le droit.

Depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance en 1958, l’esprit autoritaire a triomphé sur l’esprit de justice et du raisonnable, de Sékou Touré à Alpha Condé. Alpha Condé, 83 ans, est le premier président démocratiquement élu à la tête de ce pays en 2010, et connaît un bilan relativement positif. Mais sa candidature à un troisième mandat en 2020 avait provoqué de vives tensions, des morts, des arrestations. En cause, la modification de la Constitution, une pratique plutôt répandue en Afrique appelée « le syndrome du troisième mandat ».

 La Guinée dispose de richesses naturelles immenses avec des réserves colossales de bauxite, d’or, de diamants, de fer, de manganèse, des mines sous-exploitées... L’histoire de ce pays  est jalonnée par des pouvoirs autocratiques, des manifestations et des répressions brutales. Souvenons-nous du massacre du stade de Conakry, le 28 septembre 2009, où plus de cent cinquante personnes auraient été tuées lors d’un rassemblement pacifique.

Noël Ndong
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