Le pays demande plus de ressources et plus de solidarité dans la gestion des migrations à travers Darién Gap.
Le Panama, 4 285 850 habitants, est un pays d’Amérique centrale, de langue espagnole. Depuis le début de l'année, environ 50 000 migrants sont entrés dans le pays par le Darién Gap. Ils viennent de plus de quarante pays, dont l’Angola, le Burkina Faso, la Mauritanie, la République démocratique du Congo, le Cameroun, la Mauritanie, le Nigeria, etc. Cette année, ils ont pris le risque de traverser la frontière extrêmement dangereuse de la jungle entre la Colombie et le Panama. « Ils veulent tous se rendre aux États-Unis. Nous avons essayé des programmes pour les resocialiser afin qu'ils restent. Ils ne sont pas intéressés », a expliqué la ministre panaméenne des Affaires étrangères, Erika Mouynes. Alors que la migration en provenance de la région du Triangle du Nord et du Venezuela reçoit une attention internationale considérable, davantage de ressources doivent être consacrées à la réponse humanitaire aux personnes d'autres parties du monde qui se déplacent à travers l'Amérique centrale.
Le Panama a besoin de plus de soutien pour assurer une réponse humanitaire adéquate à cet afflux qui a plus que décuplé cette année, a-t-elle expliqué. Le pays a organisé récemment un sommet de haut niveau avec le Costa Rica, la Colombie, l'Équateur, le Chili, le Brésil, le Mexique, le Pérou, le Canada et les États-Unis pour discuter d'une approche plus régionale du défi. La plupart de ces migrants viennent d’Haïti, victime d’un tremblement de terre, d’Afrique et des Caraïbes. Les chiffres de ces derniers mois sont sans précédent : plus de 10 000 immigrants sont arrivés en juin et le double en juillet, via le Darién, dans le but d'atteindre les États-Unis. « Les migrants de la région des Caraïbes ainsi que d'Afrique - ce type de migration se produit depuis douze ans et nous ne nous sommes jamais vraiment concentrés sur cela. Au cours des derniers mois, [il y a eu] une augmentation significative bien au-delà [des capacités] de tous les pays traversés », a précisé Erika Mouynes .
« Nous essayons de sensibiliser sur cette question et essayons d'amener plus d'États à partager la responsabilité. La petite taille du Panama signifie que le pays a besoin de plus de soutien pour répondre aux migrants », a-t-il précisé. Le Panama doit répondre aux besoins humanitaires des migrants lors de leur passage dans le pays (soins, nourriture, abri, eau, etc). Les dirigeants ont convenu lors du sommet de former un groupe de travail au niveau opérationnel pour répondre à la fois aux besoins humanitaires immédiats et aux causes profondes de la migration, dont certaines incluent les impacts climatiques, les catastrophes, la pauvreté. « Le Panama a besoin d'une aide financière s'il faut continuer à soutenir les migrants », a insisté Erika Mouynes. « Nous avons maximisé, en termes de budget, ce que nous pouvons faire. Et avec les chiffres qui augmentent, cela devient extrêmement difficile pour nous au milieu d'une pandémie. Et tout vient de notre budget », a ajouté la ministre.
D'une manière générale, l'immigration venue d'Afrique a augmenté sur le continent américain au cours de ces dernières années. Des réseaux essaiment, des morts aussi, à travers des naufrages dans le golfe d'Uraba, dans des canots de fortune en route vers le Panama. Un bateau parti de la plage de Capurga ( frontalier du Panama), transportant trente-quatre personnes originaires d'Angola, du Congo et du Bangladesh, a fait dix-neuf morts, dont dix enfants. Des réseaux opérant en Colombie sont soupçonnés de réceptionner des migrants à la frontière entre l'Equateur et ce pays, puis de leur faire payer le transfert au Panama, avant qu'ils poursuivent leur périple vers les Etats-Unis. Le golfe d'Uraba, situé en Colombie, tout près de la frontière avec le Panama, est l'un des principaux points de transit des migrants africains, asiatiques et haïtiens qui tentent de rejoindre les Etats-Unis par la mer des Caraïbes, en passant par l'Amérique centrale.