Publié aux éditions Publibook, l'essai philosophique s’intéresse à la pédagogie dans les contextes de la société congolaise actuelle.
La question du comment implique la proposition d’une démarche procédurale dans la formation de la jeunesse. Tel est le pari qu’essaie de relever Michel Emile Mankessi en s’appuyant sur la vision éducative contenue principalement dans trois ouvrages. « L’Emile ou de l’éducation » de Jean-Jacques Rousseau, « La crise de la culture » d’Hannah Arendt et, « Coutumes et développement chez les Bakongo du Congo-Brazzaville » (thèse sur la sociologie de la famille) du cardinal Emile Biayenda.
La globalisation et l’uniformisation de l’éducation suivant des systèmes calqués sur le modèle occidental présente une donne contrastée. Les résultats scolaires accusant l’inadéquation ou l’inadaptation avec la réalité du terrain ; pour cause, la formation fondamentale est le plus souvent idéelle, superficielle et moins pratique. Par ailleurs, l’éducation diffuse et même classique traite des problèmes quelquefois éloignés aux attentes relatives au milieu de vie des apprenants.
Tel jeune Congolais qui maîtrise l’époque médiévale en Europe sans connaître la société précoloniale africaine ou congolaise. Tel autre qui te racontera dans les moindres détails la révolution française ou russe, et qui en même temps prétend ignorer les batailles d’Ambuila et de Mbaya. A côté de ces contrastes, il y a aussi cette crise morale croissante, ferment de la délinquance juvénile. Comme solution à ce genre d’écueils, l’essayiste propose dans cet ouvrage une réflexion repartie en cinq chapitres.
Le premier chapitre se réfère à l’éducation dans l’histoire des sociétés anciennes. Il s’agit de voir comment l’éducation a été transmise en Egypte et en Grèce antique, et dans le reste de l’Afrique noire. Les trois chapitres intermédiaires analysent les bien-fondés du projet éducatif de Rousseau, Arendt et Biayenda. Rousseau met l’accent sur la vertu et l’harmonie sociale comme finalité de l’éducation. Arendt montre l’importance de la tradition et de l’autorité des « Anciens » qui sont censés transmettre les us et coutumes à la postérité. Et du cardinal Biayenda, l’auteur retient l’idée d’une éducation fédératrice, promotrice des vraies valeurs et qui rend utile par rapport aux réalités et aux attentes de la nation.
Le dernier chapitre traite de la convergence des idées des trois penseurs évoqués et du fonds commun pour une humanité nouvelle. Puis, de l’analyse diachronique et synchronique du fait éducationnel, l’auteur suggère neuf pistes pour réguler et conforter l’éducation de base. Il est question, entre autres, de l’éducation à l’autonomie, de l’établissement d’une interaction entre la culture et l’éducation, d’éveiller la responsabilité des parents, etc.
Ancien directeur de l’école catholique Saint Pierre-Claver, Michel Emile Mankessi est actuellement enseignant de la philosophie de l’éducation à l’université Marien-Ngouabi.