Interview. Wilfrid Massamba: " La 3e édition du QAFF doit être organisée à Pointe-Noire pour donner un sens au pont entre l'Afrique et l'Amérique latine"

Jeudi, Septembre 9, 2021 - 14:15

Du 13 au 18 septembre, la Fondation Basango organise, à Pointe-Noire, la troisième édition du Quibdo Africa film festival (QAFF3). Un événement culturel qui reunira près de vingt pays. Dans l'entretien accordé aux Dépêcehes du Bassin du Congo, Wilfrid Massamba, directeur du QAFF, parle des enjeux de ce festival et de son interêt dans les échanges  multiculturels et multidimensionnels.

 

Les dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C): La semaine prochaine, va s'ouvrir le Quibdo Africa film festival qui est à sa troisième édition. Que peut-on retenir de cet évènement que le public ponténégrin va découvrir pour la première fois?
Wilfrid Massamba (W.M):
Le QAFF, né en Colombie, est un festival de films africains et de la diaspora. Nous avons déjà organisé deux éditions dans ce pays d'Amérique latine et la troisième édition, nous avons voulu la tenir à Pointe-Noire, la porte de sortie des esclaves déportés aux Amériques; la Colombie ayant été la porte d'entrée. L'ayant déjà organisé en Colombie, dans la région de Choco où 90 % de la population est noire, avec des origines des descendants Kongos, du Bassin du Congo, j'ai trouvé normal que la troisième édition se tienne à Pointe-Noire. Il était normal  pour moi de revenir un peu à la source, organiser ce festival ici pour donner un sens à ce pont que nous essayons de construire entre l'Amérique latine et l'Afrique.

L.D.B.C: Comment va se dérouler ce festival et peut-on connaitre les participqnts à ce rendez-vous?
W.M
:  Selon la programmation, il y a quarante-trois films en compétition. C'est une compétition internationale à laquelle va prendre part la vingtaine de pays présents, des pays d'Afrique, d'Amérique latine, des Etats-Unis, d'Europe et d'Asie, des pays  qui répresentent des communautés afro descendantes.  Il  y aura aussi des personnaliéts mondiales du cinéma invitées, évidemment toutes ne viendront pas compte tenu du contexte économique difficile et aussi sanitaire préoccupant du moment.  Il y aura néanmoins le  réalisateur français Léonard Cortana.  Nous attendons aussi une réalisatrice sud africaine et bien d'autres. Côté congolais, nous avons invité Mme Claudia Yoka, la réalisatrice mais aussi le cinéaste Sébastien Kamba dont on veut honorer les 57 ans de carrière. Donc, il va occuper une place de choix lors du festival.  Toutes les personnalités de l'étranger et celles d'ici que nous avons invitées vont participer aux panels, aux rencontres, aux conférences.  La République démocratique du Congo, le Cameroun et bien d'autres pays y seront aussi présents.  C'est un panel multiculturel, multisocial, qui sera à Pointe-Noire pour parler de cinéma.

L.D.B.C: Comment vont se dérouler les différentes activités prévues ?
W.M: 
Cette année, le festival a lieu sur tois sites, à savoir la Fondation Basango au centre ville, le Centre culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutard à Mpita, le musée Cercle afriacian à Lumumba. Dans ces différents lieux, il y aura des projections de films, des rencontres professionneles, des conférences...Le programme est en train d'être dispatché partout. Il est aussi disponible sur notre plateforme de téléchargement libre, sur nos réseaux sociaux facebook, instagram, twitter...Les films qui seront projetés viennnent d'un peu partout: des deux Congo, de la Colombie, de la Namibie, du Maroc, de l'Algerie, des Etats-Unis, de la Tunisie, du Nigeria, du Kenya, d'Ouganda, de l'Inde, de France, de Suisse... Bref de près d'une vingtaine de pays, où l'on trouve des réalisateurs des pays afro descendants notamment.

L.D.B.C: Le problème récurrent de la formation des jeunes cinéastes se pose avec acuité.  Avez-vous songé y apporter votre contibution à la faveur de cette activité ? 
W.M: 
Tout à fait. Toutes ces interrogations et bien d'autres pour faire avancer le cinéma congolais feront l'objet des conférences et échanges avec les réalisateurs et cinéastes présents.  Il  y aura des rencontres entre cinéastes, réalisateurs, producteurs, entre professionnels, professionnels- amateurs aussi, qui vont échanger sur ce que l'on peut faire pour améliorer notre cinéma, pour donner une meilleure possibilité aux jeunes qui veulent être cineastes. Seulement, nous n'avons pas attendu le festival pour le faire. Déjà, au mois de juillet dernier, la Fondation Basango a initié, à l'endroit des 25 jeunes qui ont entre 12 et 17 ans, une formation en audiovisuel au Centre culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutard. Ils ont été formés aux metiers de l'audiovisuel. Ils ont été selectionnés dans les écoles, dans les quartiers. Ils sont amenés à écrire leur histoire, à raconter leur histoire, à être derrière la caméra, à être accessoiriste, preneur de son. C'est cette petite formation qu'on a décidé de leur donner en espérant l'étendre hors festival. C'est ça notre objectif. Comme nous n'avons pas d'école de cinéma dans le pays, par ces formations, nous voulons permettre aux jeunes de savoir ce que sont les métiers de l'audiovisuel, qu'est ce que c'est le cinéma, comment écrire une histoire, comment tenir une caméra, apprendre à se raconter une histoire. Mais en même temps, c'est leur donner cette envie-là, à eux plus tard de pouvoir se perfectionner pour entrer dans ce métier là et faire des études pour cela.

L.D.B.C: Que dites vous au public qui aimerait assister aux projections?
W.M:
Notre souhait était de tenir cet évènement à Canal Olympia, récemment construit à Mpita. Mais pour des raisons techniques, cela ne sera pas possible, la salle étant encore fermée.  Elle ne sera disponible qu'après le festival. Qu' à cela ne tienne, le cinéma ce n'est pas seulement dans les salles, c'est en plein air aussi comme on le voit aux Etats-Unis, en Europe et un peu partout. Au Centre culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutad, nous allons installer un écran géant où on peut recevoir jusqu'à 500, voire 600 personnes. Ainsi, dans ce centre et dans les autres lieux retenus, il y aura des projections du mardi au samedi. Il  y aura aussi des stands où seronr exposés divers produits, des animations culturelles, des rencontres B to B. Pendant une semaine, ça sera vraimment la fête du cinéma et de la culture à Pointe-Noire. 

Propos recueillis par Hervé Brice Mampouya
Légendes et crédits photo : 
Wilfrid Massamba, directeur de QAFF / Adiac
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