Musique et souvenirs : plus d’un demi-siècle de rivalités des orchestres brazzavillois

Vendredi, Septembre 10, 2021 - 12:33

Les décennies 50, 60 70 et 80 ont été marquées au Congo par la naissance de plusieurs orchestres qui ont occupé la scène musicale congolaise. Ces différents groupes musicaux se sont distingués par la qualité de leurs œuvres qui ont fait du succès et ont emballé les mélomanes et « ambianceurs » du Congo. Une rivalité à l’origine d’œuvres et de modes légendaires.

La musique moderne congolaise a, au cours de son histoire, connu des moments de gloire à travers certaines œuvres produites par des orchestres et qui ont connu un succès fulgurant au Congo, en Afrique et partout ailleurs, au-delà des crises de leadership qui ont parfois causé des séparations.

Ces instants magiques méritent d’être relatés afin d’édifier et éclairer le commun des mortels, surtout ceux de la génération actuelle sur le parcours et l’évolution de la musique congolaise moderne qui fut jalonnée des rivalités de toutes sortes parmi les groupes musicaux, ceci au regard des œuvres artistiques de grandes valeurs produites par les différents orchestres de la place, notamment ceux de la rive droite du fleuve Congo-Brazzaville.

A la suite de la création de l’orchestre mythique « les Bantous de la capitale » le 15 août 1959, plusieurs ensembles musicaux vont naître à Brazzaville, tels que Négro Band, Cercul Jazz, Orphée Jazz, Tembo, los Batchicha, Mando Négro, Manta Lokoka, Super Boboto, Nsinza Kotoko, Rebelles, Masano, les Nzoi, le Peuple (du trio Cepakos), etc.

Deux aspects fondamentaux sont à l’origine de la prolifération de ces différents groupes musicaux qui s’imposent dans le microcosme musical congolais. Frustration d’une frange des musiciens d’un orchestre ayant fait défection pour en créer un autre, ceci à cause de l’opacité sur la gestion des fonds générés par les diverses prestations ou du mauvais comportement du chef d’orchestre vis-à-vis des autres musiciens. On évoque également parmi les causes des initiatives de certains mécènes et opérateurs économiques de l’époque nourrissant des ambitions dans le domaine artistique.

Des exemples pour comprendre : l’orchestre Mok National fut créé par feu Mokono Antoine, Orphé Jazz par un certain Ophelet (mécène), et l’orchestre Tembo par certains ténors de la JMNR (Jeunesse du mouvement national de la révolution) fin 1964, leur soutien était déterminant.

Au cours de ces décennies, la rivalité était de taille. Le marché du disque était inondé par les chansons qui emballaient le public. Les mélomanes et amoureux de la musique allaient soit danser, assister, soit faire le « Ngembo » (supporters ayant escaladé les murs, d’autres perchés sur les arbres, tout autour du bar où se produisaient les orchestres) aux concerts de leur orchestre préféré les samedis, les dimanches et lors des cérémonies de retrait de deuil et de mariage. ( Lire la suite dans le prochain numéro)

Auguste-Ken-Nkenkela
Légendes et crédits photo : 
Les Bantous de la capitale
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