Agriculture : la RDC relance le crédit public

Mardi, Septembre 28, 2021 - 19:28

La Banque nationale de développement, dont la création serait « imminente », vient restaurer le crédit public dans un secteur qui emploie plus de 70% de la population active. Après l’échec des crédits agricoles publics dans les années 1980, avec la disparition très symbolique de la Banque de crédit agricole (BCA), les agriculteurs en milieux ruraux n’ont plus eu accès aux services financiers et bancaires pour financer leurs activités à l’intérieur du pays.

Dans le monde agricole, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Enfin, après l’échec cuisant des crédits agricoles publics à développer le riche secteur de l’agriculture, le gouvernement congolais a décidé de reprendre l’initiative. En effet, la tentative de récupération du marché agricole par les banques commerciales et les institutions de micro-finances, au lendemain de la désertion de l’État, montre ses limites. L’accès aux services bancaires étant conditionné par l’existence des garanties préalables, les agriculteurs ne sont pas en mesure de se présenter devant le guichet d’une banque commerciale pour solliciter un crédit. Pour les établissements bancaires, le risque est trop important dans le secteur agricole. Très peu parmi eux acceptent tout de même d’accorder des crédits pour financer, par exemple, les opérations de vente, impliquant simplement le transport des marchandises agricoles de la zone de production au marché. Quant aux micro-finances, il se pose souvent un problème d’incompatibilité des échéances aux cycles de production agricole.

Un forum agricole  

Le 27 septembre, le Premier ministre, Sama Lukonde, a ouvert un forum national de trois jours sur les états-généraux de l’agriculture en République démocratique du Congo (RDC). Organisé par le ministère de l’Agriculture, le thème principal retenu est « L’agriculture, clé de la croissance économique durable et de la réduction de la pauvreté en RDC ». En quelques objectifs, ces travaux visent à rendre vivante l’option levée par le gouvernement d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population. Pour y parvenir, il a fallu nécessairement faire l'états des lieux et penser aux actions à mener pour relever les défis identifiés par le gouvernement. Le plan de développement du secteur agricole intègre ainsi la sécurisation et la modernisation des systèmes de production agricole, la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et la mobilisation des investissements conséquents.

Une banque agricole

La création de la banque nationale de développement devrait intervenir dans quelques jours. Parmi ses objectifs, il y a le financement du développement de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. Dans la foulée, le chef du gouvernement a souligné le démarrage prochain d’une campagne forte en faveur de l’agriculture. « J’attends de ce forum toutes les propositions nécessaires et suffisantes pour faire réellement de notre agriculture le premier secteur de la croissance économique et sociale », a expliqué Sama Lukonde. Le débat sur cette question promet d’être fort intéressant au regard du profil des intervenants, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la FAO et l’IITA.

Diversification

Pour le gouvernement, l’agriculture ne représente pas simplement un secteur à développer. Elle va permettre au pays d’entamer véritablement la phase de diversification de l’économie nationale et de créer les conditions d’une croissance exclusive. « Cette diversification repose d’abord et essentiellement sur l’agriculture, qu’elle soit vivrière, industrielle et présente ainsi que sur la pêche et l’élevage. Aucune croissance économique, aucun progrès social ; bref aucun développement durable d’une nation n’est possible s’il ne repose sur ce secteur primaire de l’économie », a affirmé Sama Lukonde. Par conséquent, « aux côtés des mines, du tourisme et de la transition écologique, l’agriculture redeviendra réellement la priorité des priorités en RDC », a-t-il conclu.

Laurent Essolomwa
Notification: 
Non