L'art et la manière: rire, fou rire et sourire

Vendredi, Octobre 1, 2021 - 14:22

François Rabelais, dans l'une de ses deux oeuvres majeures, "Gargantua", disait que " Rire est le propre de l'homme". Expression de gaieté, le rire est le signe par excellence de la joie de vivre. S'il se veut communicatif, voire contagieux, il peut se trouver devenir incontrôlable et prendre trop de place sinon toute la place, de même que selon les circonstances, on lui préfèrera un sourire, réservé mais tout autant radieux.

La vie, dans son vécu, offre de diverses saisons émotionnelles autant qu'une journée elle-même peut en offrir. S'il est vrai que les tiraillements, les réflexions et les tensions sont souvent le commun d'adultes entre guillemets responsables qui se focalisent sur des objectifs à atteindre, le rire a une valeur thérapeutique qu'il faut accueillir avec gratitude. Il libère les tensions, allège la charge mentale et agit comme un baume au coeur.

Pour autant, on ne peut pas rire de tout et dans tous les contextes. Bien que le rire soit foncièrement une réaction naturelle et spontanée, il doit tomber à propos et être contenu dans les limites de celui-ci.

Si l'on vient à se trouver dans une situation particulière, dont les enjeux sont importants, en présence du président de la République, par exemple, et qu'il fasse une blague hilarante au point où on a envie et même on éprouve besoin de se plier en deux et de se tordre les côtes pour se libérer de cet élan qui nous traverse, on s'en gardera.

Même si le président de la République sait que sa blague est drôle, il trouvera inconvenant que vous vous éparpilliez devant lui. D'un oeil averti, il vous verra certainement comme un homme non-encore fait car, comme la philosophie nipponne l'affirme, la spontanéité appartient à l'enfance. Un homme fait a la capacité de dominer ses émotions et les élans divers qui le traversent.

Le sourire a donc cette vertu d'épouser réserve et maturité, tact et expressivité en prônant la grâce, le mystère et la hauteur de l'être qui l'affiche. Au XIXe siècle, il était inconvenant pour la femme en particulier d'afficher l'intérieur de sa cavité buccale, parce que livrée à la spontanéité de ses émotions. Le faire dénotait d'un manque d'éducation et de savoir-vivre. L'on parlait alors de scandale lorsque le rang de ladite femme était élevé.

Dans un siècle aux moeurs libérées, un bon rire franc entre copains ou collègues renforce les liens, détend l'atmosphère et met de la joie de vivre. Le fou rire se voulant quant à lui immortel, le seul moyen de l'arrêter est de se retirer un instant pour en être délivré, car la caractéristique même du fou rire est de se nourrir lui-même.

 

Princilia Peres
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