Inhumé le 21 septembre, le jour même que son corps a été découvert en état de décomposition, l’artiste musicien Chairman Jacques Koyo a laissé ses collègues de la corporation dans un émoi sans pareil. La meilleure manière de l’exprimer étant par le chant, le musicien Roga-Roga lui a rendu hommage, en fin de semaine dernière au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, à travers un concert.
L'hommage à celui qui a su combiner la musique moderne et la musique traditionnelle à travers les sonorités de sa Cuvette natale, organisé par Ibroks productions (maison de production de Roga-Roga, patron de l’orchestre Extra musica), a connu la participation des groupes de la musique dite religieuse et la musique typique. Le concert a commencé par la musique religieuse avec le groupe Wisdom classic de Papa Roy, question de demander à l’Eternel Dieu de recevoir l’âme de l’artiste musicien Chairman Jacques Koyo dans son royaume. Sitôt après, Excellent Mavimba et son Kingoli authentique (groupe tradi-moderne) sont montés sur le podium pour montrer combien le « Génie du siècle » a su combiner ces deux genres musicaux.
L’un des moments phares de ce concert a été la prestation du groupe « Engondza », orchestre de Chairman Jacques Koyo. Plusieurs chansons du regretté artiste ont été interprétées parmi lesquelles "CTB" (chanson que l’artiste avait chantée pour valoriser le service que rendait une société de transport). Le tout accompagné de l’internationale danse Engondza qui a traversé les frontières nationales. Les trois enfants de l’illustre artiste ont participé à ce concert, notamment au sein du groupe musical « Engondza » . Leur prestation a été suivie d’une salve d’applaudissements.
Après est arrivé le moment tant attendu, la montée sur scène du groupe Extra musica de Roga-Roga. Alors que l’orchestre était à peine à sa première chanson, le public assoiffé réclamait déjà à gorge déployée la chanson "Bokoko". Convaincu qu’il ne pouvait quitter le podium dressé dans les jardins du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza sans jouer les partitions de ce morceau « fétiche » qui remue sans le vouloir les corps des mélomanes et amoureux de la bonne musique, Roga-Roga, a dit : « Chairman, c’était aussi le show. Pour lui faire honneur, je vais chanter pour vous la chanson "Bokoko". » Un moment tant attendu qui a permis à Sorel (chanteur et danseur maison) ainsi que les quatre danseuses du groupe d’épater le public. Enfin, c’est à travers la mélopée « Au revoir Génie du siècle, Adieu », répétée à plusieurs reprises sur le podium par les artistes musiciens, mécènes et autres invités de marque que ce concert hommage à Chairman Jacques Koyo le « Génie du siècle », le « Bulldozer » de la musique congolaise, a pris fin.
A l’issue de ce concert, Roga-Roga a expliqué: « Génie Chairman a été un père spirituel pour moi, parce que j’ai commencé la musique dans son orchestre. Certes, j’ai par la suite créé l’orchestre Extra musica, mais chaque fois que je disposais d’un peu du temps, je me rendais chez lui pour échanger. Chairman Jacques Koyo a su métisser la musique folklorique et la musique moderne au Congo. Et de ce métissage on a commencé à voir la sortie des groupes comme Kingoli et autres. Pour moi, il était un génie. Nous avons perdu notre baobab. Je ne pouvais pas manquer de lui rendre un vibrant hommage ».
Roga-Roga a saisi l’occasion pour remercier la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, de lui avoir donné l’opportunité de rendre hommage à Chairman Jacques Koyo en ce lieu de culture. Réponse du berger à la bergère, Bélinda Ayessa a remercié aussi l’artiste. « Bravo et félicitations à toi Roga-Roga de nous avoir associés à cet hommage à Chairman Jacques Koyo », a-t-elle dit.
Alain Akouala Athipault, en sa qualité de grand mélomane et mécène, a reconnu à travers son témoignage l’immensité de l’artiste décédé. « C’est une perte immense. Jacques Koyo est l’homme qui a ouvert la voie à tout ce qui est tradi-moderne. » Dénidé productions, dernier producteur à avoir travaillé avec Chairman Jacques Koyo, y était et a témoigné. Connaissant l’artiste, il a reconnu en lui un « génie » de la musique congolaise. Ce que Chairman Jacques Koyo a fait est extraordinaire. Il a transformé la musique congolaise en joignant la tradition dans le modernisme. Une expérience qui a reçu et suscité beaucoup d’intérêt pour d’autres groupes. Il y en a même qui ont vu le jour à travers l’expérience de Chairman Jacques Koyo. Sa mort est une grande perte pour la musique congolaise, a signifié Dénidé productions.
Michel Boyimbanda, président de l’orchestre Negro Band, l’un des doyens des musiciens congolais sinon le doyen des musiciens congolais encore en vie, a marqué de sa présence à ce concert hommage. Il l’a été également à double casquette, parce que Chairman Jacques Koyo a commencé sa carrière musicale dans l’orchestre Négro Band.