Après avoir célébré le 10 septembre dernier le souvenir de la rencontre mémorable entre le Makoko Iloo 1er et Pierre Savorgnan de Brazza, notamment le Traité d’amitié, près d’un mois après, soit le 3 octobre, le mémorial éponyme, sur l’initiative de sa directrice générale, Bélinda Ayessa, a célébré le 141e anniversaire de la fondation de Brazzaville, à travers une cérémonie faste marquée par des conférences et animations culturelles, le tout sanctionné par un rituel traditionnel.
3 octobre 1880- 3 octobre 2021, cela fait exactement 141 ans que Brazzaville a été fondée par l’explorateur franco-italien, Pierre Savorgnan de Brazza, au lieu même où est érigé le mémorial éponyme. « Ce jour 3 octobre 2021 nous replonge dans les méandres de notre civilisation qui est l’ensemble des traits qui caractérisent l’état d’une société du point de vue technique, intellectuel, politique et moral sans porter de jugement de valeur. Précisant que la culture, la religion, la société et la civilisation ont un poids politique et idéologique déterminants au point de devenir des concepts clés ou des maîtres mots pour penser le monde et l’histoire à cette époque des lumières », a déclaré Eugénie Opou Mouayini, dans sa communication portant sur le thème « Rencontre des civilisations, culture, regard sur le monde, héritage commun ».
Le Pr Michel Alain Mombo a exposé sur le thème « Quelques repères historiques pour la permanence de la mémoire ». A travers ce thème, il a expliqué pourquoi doit-on célébrer la fondation de Brazzaville. Il a fait savoir que la célébration du 141è anniversaire de la fondation de Brazzaville a une ambition majeure : celle de mettre la postérité face aux faits qui disent les transformations que le pays a subies. Pour lui, la fondation de Brazzaville c’est aussi la rencontre de deux peuples, de deux civilisations, de deux cultures, qui devront s’enrichir mutuellement… La fondation de Brazzaville, c’est aussi, au plan et à l’échelle historique, l’avènement de l’école. Car, l’école élève l’homme à un échelon supérieur. C’est aussi en cela que l’arrivée de Pierre Savorgnan de Brazza en pays téké puis congolais, peut être perçue comme une facette de l’humanisme.
Brazzaville, d'une bourgade à la ville moderne
Le Pr Dominique Oba, pour sa part, a communiqué sur « Brazzaville une ville coloniale ». Il a structuré sa communication en trois parties, à savoir Du traité de Mbé à la fondation de Brazzaville ; Brazzaville dans l’Afrique équatoriale française ; et Les évolutions récentes de Brazzaville. Le Pr Dominique Oba a tenté de reconstituer les faits historiques liés aux rôles de grandes envergures que Brazzaville a joués pendant la période coloniale. « Ville emblématique et historique, Brazzaville naquit officiellement le 3 octobre 1880 après la signature du Traité d’amitié entre Pierre Savorgnan de Brazza et le roi Makoko. Après avoir planté un pavillon tricolore au profit de la France, par De Chavanne qui y laisse Malamine Camara à garder le poste occupé, Brazzaville se développe pour devenir respectivement en 1903 capitale du Congo français et en 1910 capitale de l’Afrique équatoriale française », a-t-il expliqué.
Dans son allocution de clôture, la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgan-de-Brazza a rappelé que voici 141 ans que s’érigea petitement, à partir d’une bourgade, Mfoa, les bourgeons d’une urbanité future, 141 ans, que se tracèrent les routes d’une épopée qui constitue aujourd’hui le précieux trésor d’une histoire, « la nôtre, au milieu d’autres récits, qui font l’histoire de notre pays ; 141 ans, dis-je, que Pierre Savorgnan de Brazza, après avoir reçu du Makoko Iloo 1er l’hommage d’un accueil inoubliable, décida de planter sa tente… Il nous faut revenir ces indices des origines pour comprendre ce qui se vit ici et maintenant ».
Bélinda Ayessa a poursuivi son propos en disant, « autour de la fondation de la bien nommée Brazzaville, nous trouvons la naissance d’une histoire. De cette petite station du pays téké, on est passé à une ville coloniale ; de ville coloniale, à ville refuge pour une France en quête de liberté ; d’une ville coloniale à une ville africaine se modernisant, hospitalière des différences, des multiplicités et des migrations. Oui, Brazzaville est aujourd’hui une cité urbaine. Georges Balandier, sociologue et anthropologue bien connu, ne s’en inspira-t-il pas lorsqu’il écrivit sa fameuse sociologie des Brazzavilles noires il y a plus de 60 ans ? »
Un rituel traditionnel
A l’occasion de la célébration des 141 ans de la fondation de Brazzaville, les notables de la cour royale de Mbé, associés à leurs frères notables de la ville de Brazzaville, ont organisé un rituel au Mémorial. Au cours de ce rituel, ils ont béni le Congo et ses institutions. L’un des vassaux de la cour royale de Mbé a invoqué les ancêtres tout en indiquant que cette terre où ils habitent est léguée par les ancêtres. Ils ne l’ont pas usurpée, a-t-il précisé. Le dignitaire a remercié le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, pour avoir érigé ce lieu historique qui est le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza. Il a aussi remercié Bélinda Ayessa qui continue d'entretenir ce haut lieu historique, l’encourageant de continuer sur cette lancée, car le royaume téké compte avec elle comme personne ressource pour ne pas oublier l’histoire. Après quoi, les dignitaires ont aspergé du vin de palme dans la cour du mémorial.