L'essai de Michel Emile Mankessi, publié l’an dernier à L’Harmattan, revisite dans l’ensemble la vision de Jean-Jacques Rousseau sur la gestion de la chose publique.
Le philosophe français, dont la pensée politique est restituée dans l'ouvrage analytique de Michel Emile Mankessi, ne cesse d’inspirer les élites des temps modernes. La conception du pouvoir chez Rousseau répond à un idéal fédérateur des volontés mues par un souci d’intérêt commun. Le philosophe présente un imaginaire sociétal qui encourage une citoyenneté moins individualiste et plus ouverte aux valeurs universelles et conventionnelles.
Ce volume de cent-quatre-vingt-douze pages est structuré en quatre chapitres. Le premier propose une philosophie opposée à l’absolutisme ayant pour but final de garantir la liberté et la dignité humaine à travers la loi commune. L’essayiste écrit à propos, « la pensée politique de Rousseau est une conquête de l’homme sur lui-même qui met en œuvre ses plus nobles facultés et l’élève à la vertu ».
Le deuxième chapitre éclaire sur certains concepts opérationnels relatifs à la doctrine de Rousseau. Il s’agit principalement de la morale, l’éducation, la politique et la religion comme concepts clés pour appréhender l’homme social tel qu’il est perçu et désiré par Rousseau, à l’opposé de Thomas Hobbes. L’un inspire des institutions sociales fortes et tendues vers la vertu, alors que l’autre suggère l’exercice du pouvoir par des hommes forts au service des intérêts du peuple. La tentation est de basculer aux abus d’autorité au nom du bonheur de tous, prévient l’auteur qui privilégie l’option conventionnelle du penseur français.
Le troisième chapitre, qui traite de l’idéal de démocratie selon Rousseau, montre l’importance de la suprématie du pouvoir législatif sur l’exécutif mandaté par le peuple. L’administration, en effet, devrait se soumettre aux exigences morales de la loi, pour éviter d’être au service de quelques particuliers au détriment de la majorité.
Le dernier chapitre tire quelques leçons de cette philosophie. La politique est nécessairement liée à l’éthique pour ne pas léser la condition humaine. L’éducation sociale est indispensable pour concilier la volonté propre de l’individu à l’idéal d’intérêt commun incarné par l’Etat. L’individu comme l’Etat, en prônant le bien commun grâce aux retombées de la morale civique, sont tous deux servants de la loi comme expression de la volonté générale.
Natif du Congo-Brazzaville, Michel Emile Mankessi est auteur de six essais philosophiques. Il est enseignant à l’Université Marien-Ngouabi.