La communauté sportive nationale a rendu un dernier hommage à Casimir Molongo « Moncher », décédé le 24 septembre à Brazzaville à l’âge de 74 ans et conduit à sa dernière demeure, le 8 octobre, au cimetière du Centre-ville.
"Moncher" a tout donné au sport congolais, particulièrement le handball. Et le sport le lui a bien rendu. Son cercueil, couvert du drapeau tricolore, a été exposé au gymnase Henri- Elendé dans lequel une cérémonie d’hommage digne de son rang a été organisée. Pour rappeler son attachement au handball, quelques matches d’exhibition ont été organisés entre ses anciens clubs, respectivement Asel contre Etoile du Congo, AS Otoho- Ekembongo… La succession des matches d’exhibition n’a pas suffi pour honorer sa mémoire. La prestation au gymnase Henri-Elendé des anciennes joueuses, anciennes championnes d’Afrique avec les Diables rouges qu’il a formées, même avec des équipements non appropriés (leurs pagnes), a été un moment d’émotion. Car pour ces championnes, Casimir Molongo était comme un père.
Casimir Molongo, le formateur, symbolisait en lui seul toute la réussite du handball congolais sur l’échiquier continental. Le mérite lui revient d’avoir réussi à façonner des joueuses qui ont écrit les belles pages de l’histoire du handball congolais. Un héritage que tenteront de contempler les handballeurs en guise de consolation.
« Tu as été pour moi un formateur, moi et mes amis nous te devons beaucoup. Moncher m’a formée et je suis le fruit de Molongo. Moncher m’a façonnée et il était comme mon complice. J’étais toujours à ses côtés pendant les grandes compétitions pour bénéficier de ses sages conseils car il était comme un père pour moi », a témoigné Solange Koulinka.
Sa rigueur dans le travail et sa créativité restent une source d’inspiration pour la jeune génération. « Quand j’ai quitté Patronage pour l’Etoile du Congo, il a promis de me façonner. Je montais mille fois les gradins du stade Alphonse-Massamba-Débat et je faisais mille fois les lancers parce qu’il me préparait pour la première édition de la Coupe Marien-Ngouabi. Nous avions dix-huit systèmes de jeu avec lui. Quand nous avons gagné cette compétition, j’ai été plébiscitée meilleure joueuse et buteuse d’Afrique. Moncher me disait tu ne l’as pas mérité, il faut encore beaucoup travailler. Or, c’était une façon de m’encourager à faire plus », a ajouté la championne d’Afrique.
Un héritage à entretenir
Chérubin Nkodia a loué le leadership de Moncher qui, selon lui, était unique et incompris parce qu’il n’acceptait pas que les dirigeants se mettent entre lui et les joueurs pendant les séances d’entraînement. « Sa logique était lui, les joueurs et les dirigeants après. Mais à chaque fois quand les dirigeants voulaient se mettre entre les joueurs et lui, il allait créer une autre équipe », a-t-il souligné.
Il a eu, d’après lui, le mérite de supprimer les fétiches dans les équipes nationales en partageant à ses joueurs le secret d’être eux-mêmes leurs propres féticheurs grâce au travail. « Pour lui, il fallait commencer par la préparation physique spécialisée et technique. Solange Koulinka et Makouana ont lancé le javelot parce que lui-même fut un lanceur ». Selon les témoignages, il fut médaillé d’or au disque au championnat militaire à Yaoundé, au Cameroun en 1979, puis médaillé de bronze aux Jeux africains de Luanda, en 1981.
Au nom de l’Association des anciens internationaux congolais, Firmin Dinga a partagé la vision de Casimir Molongo dans la préparation d’un grand rendez-vous. La compétition, disait-il, « est comme une fête. Pour inviter les gens chez vous, vous devrez vous préparer. Si le repas peut durer une heure, la préparation de celui-ci peut prendre trois jours. Vous cherchez des victoires, vous allez vous préparer en cherchant parfois trop loin alors que la solution est là. S’il n’y a pas d’argent dans la préparation, donc pas de compétitions pour gagner ».
Casimir Molongo, faut-il le rappeler, est né le 2 avril 1947 à Mossaka. Dans son parcours sportif, a précisé Ayessa Ndinga Yengué, l’actuel président de la Fédération congolaise de handball, il a presque tout gagné. Il a été dix-huit fois champion du Congo avec l’Etoile du Congo, trois fois champion d’Afrique avec le même club et quatre fois champion d’Afrique avec les Diables rouges. Il fut directeur technique national et assistant technique à la Fédération de la République démocratique du Congo. Il a respectivement entraîné Clamart en France, l’Etoile du Congo, Asel dont il est le fondateur, Diables noirs, Abosport, Ekembongo dont il est le co-fondateur et AS Otohô dont il est le fondateur.