La plénière du 16 octobre à la chambre basse du Parlement s’est déroulée sous une forte tension. L'adoption du rapport de la commission paritaire chargée d'examiner les dossiers individuels des candidats postulant au bureau de lacCentrale électorale s’est négociée dans une cacophonie indescriptible sur fond d’affrontements entre les pro et les anti-Denis Kadima, le potentiel successeur de Corneille Naanga à la tête de cette centrale.
Avec moult difficultés, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso Nkodia, a néanmoins conduit les travaux jusqu’à leur terme. C’est dans un climat délétère que l’institution parlementaire a finalement entériné douze membres sur les quinze censés composer la future Commission électorale nationale indépendante (Céni).
L’opposition, qui a mis en cause la procédure d’adoption tout en rejetant la candidature de Denis Kadima, le potentiel successeur de Corneille Naanga, a boudé les trois postes lui réservés au bureau de la Centrale électorale. Elle a dénoncé la manière dont le processus s'est déroulé dans le cafouillage et dans le seul but de mettre en place une Céni aux ordres. Se joignant à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l'Eglise du Christ au Congo (ECC), les plateformes politiques « Ensemble pour la République » et le Front commun pour le Congo (FCC) parlent d’un passage en force de l’actuelle majorité parlementaire, lequel annihile tous les efforts fournis à ce jour pour que ces désignations puissent s'opérer dans un consensus le plus large possible.
N’ayant pas pris part à l’entérinement des nouveaux membres de la Céni, la famille politique de Joseph Kabila a, dans une déclaration publiée le même jour, appelé la population à se prendre en charge pour barrer la route à cet entérinement. « Nous invitons le peuple congolais à se prendre en charge, car si c'est dans ce climat que se dérouleront les élections de 2023, nous pouvons y mettre une croix », a déclaré son porte-parole, Félix Kabange Numbi. Pendant ce temps, les députés membres de l’Union sacrée proches du chef de l’Etat continuent de jubiler tout en se félicitant de la désignation de Denis Kadima comme président de la Céni. L’homme serait, d’après eux, le meilleur des candidats à ce poste en raison de son CV en plus d’être un expert électoral international. Ils minimisent le fait qu’il soit de la même tribu que le président de la République, un des reproches sur lequel surfent ses détracteurs.
Qu’à cela ne tienne! La balle est désormais dans le camp du chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi. C’est à lui que reviennent désormais la décision et le pouvoir de confirmer ces nominations par une ordonnance présidentielle. Toutefois, si cette ordonnance présidentielle ne rencontrait pas les attentes de l’opposition, des catholiques, des protestants et même des mouvements citoyens, il y a des fortes chances que Kinshasa renoue avec les manifestations de rue.
Les membres de la Céni entérinés par l'Assemblée nationale
- Kadima Kazadi Denis : président ;
- Ilanga Lembow Bienvenu : premier vice-président ;
- Deuxième président: vide (opposition) ;
- Nseya Mulema Patricia : rapporteur ;
- Muhindo Mulemberi Paul : rapporteur adjoint ;
- Questeur: vide
- Birembano Balume Sylvie : questeur adjoint ;
- Lepemba Pascal : membre ;
- Boko Matondo Fabien : membre ;
- Ditu Monizi Blaise : membre ;
- Bimwala Roger : membre ;
- Ngalula Joséphine : membre ;
- Bisambu Gérard: membre;
- Omokoko Asamoto Adine: membre.