Ecrivain en herbe, Alvie Mouzita a été finaliste du Prix Tsemou 2021 avec son manuscrit "Chants pour une fleur" qui lui a permis d'être lauréat du prix Pabloemma du Congo Brazzaville. Il en parle amplement dans cet entretien.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Vous êtes cette année le récipiendaire du prix littéraire Paloemma, quelles sont vos impressions ?
Alvie Mouzita (A.M.) : C’était une vive émotion lorsque j’ai appris cette nouvelle. De nos jours, être lauréat d’un prix littéraire est devenu, sans doute, une clé pour ouvrir le château dont les convives sont les lecteurs. Ainsi, recevoir un tel prix qui favorise une publication de surcroit m’a paru une véritable aubaine.
L.D.B.C. : Pouvez-vous nous parler de ce prix ?
A.M. : Le prix Pabloemma est un prix littéraire, organisé par l’écrivain camerounais Emmanuel Ngon, qui se déroule dans tous les pays francophones d’Afrique, dont chaque pays présente un lauréat. La particularité de ce prix est de promouvoir l’autoédition et de mettre en lumière les écrivains talentueux confrontés aux caprices des éditions traditionnelles. Ce nouvel air dans le monde littéraire ne se mure plus, d’autant plus qu’une panoplie d’auteurs y émerge, parmi eux des sélectionnés aux prix Renaudot et Goncourt. Notons tout de même que les manuscrits des lauréats du prix Pabloemma sont publiés à la fois en version numérique et en papier. La période du 20 juin au 20 septembre 2021 marque la date à laquelle Les livres du Congo Brazzaville ont lancé la réception des manuscrits de tout genre pour en être appréciés. D’où, mon ouvrage intitulé "Chants pour une fleur" avait été distingué et m’a permis d’être sacré lauréat dudit prix.
L.D.B.C. : De quoi parle votre ouvrage ?
A.M. : Il s’agit, dans cet ouvrage, d’une haute conversation poétique où le poète, à travers ses chants, dit des choses à la fleur. Comme l'indique son titre, d'ailleurs clef pour ouvrir son mystère, cet ouvrage est greffé de dynamite musicale où chaque mot qui roucoule tantôt comme clochette fêlée tantôt comme tam-tam ou kora, confère aux émotions la danse qui frissonne. Ici, le poète, ayant su que la femme reste la source intarissable où s’abreuvent les inspirations perlières, s’est donc fait griot pour la psalmodier. Ces chants, loin de n'être que des offrandes sur des feuilles pour une jubilation, s’érigent aussi comme des stèles où viennent en pèlerinage tous les sentiments du poète. Cette œuvre est un miroir pour la femme africaine où se dévoilent ses mystères sous plusieurs facettes.
L.D.B.C. : Qu’est-ce que la poésie pour vous ? Avez-vous un modèle dans le domaine ?
A.M. : La poésie est d’abord et avant tout un exercice spirituel où le poète est appelé à vendre les émotions. Je n’en dirai pas plus ici car j’en ai fait tout un petit traité dans "Vendeurs d’émotions", une anthologie en pleine collaboration avec l’écrivain-éditeur Elvez Ngaba pour une publication à Renaissance Africaine. Et, concernant mon modèle en poésie, j’ai toujours eu du mal à choisir entre la rose et le jasmin, la fleur féale pour essuyer les larmes moroses des lendemains. Je suis en quelque sorte les pas de Tchicaya U Tam’si – le père de tous les rêves, ceux de Léopold Sédar Senghor et de Saint-John Perse, que je considère tous comme seigneurs de la poésie.
L.D.B.C. : Peut-on savoir vos futurs projets littéraires ?
A.M. : Outre mes deux ouvrages qui seront bientôt édités, j’ai tout récemment été appelé à participer à l’Anthologie des Meilleurs nouveaux poètes africains, un projet polyglotte organisé par Baldine Moussa. Aussi, j’aimerais promouvoir Le Prix Vendeurs d’émotions que j’ai créé et qui est à sa troisième édition. Enfin, continuer à raffoler les prix littéraires pour hausser l’étendard de la littérature congolaise, une terre fertile en lettres, me paraît sans doute, une étoile à courtiser.