Nini tosali te ? (Que n’avons-nous pas fait ? ), le tout nouveau titre de l’atypique duo kinois, sorti le 5 novembre, fait déjà parler de lui dans la ville. Depuis le week-end dernier, il est au centre de toutes les conversations et n’arrête pas de recueillir de nombreux commentaires des internautes sur la toile.
« Je suis passé par toutes les émotions en regardant ce clip. Je suis du Congo voisin mais ce clip relate parfaitement la souffrance et la mauvaise qualité de vie de nombreuses familles africaines. Notre mode de vie tourne en rond malgré la succession des présidents. Ceux qui succèdent au pouvoir promettent mais ne réalisent pas et c’est toujours la jeunesse qui en souffre. Les projets d’avenir des jeunes sont tués à petit feu. Bravo MPR », peut-on lire dans l’un des commentaires postés le 8 novembre à l’aube. En effet, ce nouveau titre qui s’annonce tel un incontestable tube, comme sait en faire le désormais réputé duo depuis près de quatre ans à présent.
A tour de rôle, Yuma Dash et Zozo Machine chantent quelques strophes de cette triste mais belle poésie qu’est Nini tosali te ? Le morceau composé de trois couplets décrit le désarroi de la population congolaise dont la foi est ébranlée. Et qui plus est, a perdu toute confiance en ses dirigeants. Le refrain, lui, revient sur tous les efforts que le peuple n’a de cesse de fournir pour s’en sortir. Etudes faites, prières et jeûnes jusqu’à briser les liens familiaux quitte à conjurer le mauvais sort. La lutte pour la survie au quotidien. Que n’a-t-il donc pas été fait ? Il semble que rien n’y fasse, les années passent et tout va de mal en pis.
Le bilan des soixante et un ans d’indépendance est juste alarmant, dit le premier couplet. Inutile de voter, les élections ne sont pas la panacée. La faim comme une seconde nature colle à la peau du Congolais alors que l’insécurité bat son plein en cité. Le député festoie le clair de son temps alors que le quotidien ressemble à un combat de fauves à l’instar de celui qui a mis aux prises Ali et Foreman. Pays riche une simple étiquette accolée. Toutes sortes de prières ont été faites, Dieu voit-il à quel point la foi s’estompe ? Les politiques sans vision font de vaines promesses, disparaissent dès lors que leurs attentes sont comblées. Les larmes sont le quotidien de sorte que le rire n’est plus que de façade.
Le départ de Mobutu devrait tout résoudre
Comme dit dans le commentaire susmentionné, le deuxième couplet déplore que les présidents se succèdent mais que la situation empire. L’on avait prétendu que le départ de Mobutu aurait tout résolu. Quoique parti, rien de particulier ne s’est produit. Kabila devrait, semble-t-il, partir pour que tout aille pour le mieux. Il est parti mais tout demeure difficile. Entre constats malheureux et questionnements, le duo remet bien de choses en cause. Faisons-nous de bonnes études ? Traités de fainéants alors que nous vendons noix de cola et cigarettes à la sauvette? Alors que ma mère se tue à l’ouvrage, vendant pain et charbon de bois, je n’ai rien à lui offrir pour lui procurer le sourire. Aucune réponse favorable à toutes les demandes d’emploi. Qu’avons-nous fait pour mériter tous ces déboires ? Tous les efforts fournis s’avèrent sans succès. Jusqu’à quel point allons-nous quémander ? Sommes-nous une génération sacrifiée ? Chaque année se reproduisent les mêmes faits.
Assez court, comparé aux deux précédents, le dernier et troisième couplet rend compte du mal-être qui caractérise la jeunesse. Le moral dans les chaussettes, elle réalise à quel point la vie est rude et sans issue. L’espoir se dissipe au fil des ans, la foi se perd, les cœurs rongés sont fatigués. Comment connaître la paix quand l’avenir est sombre, l’incertitude permanente. Vois-tu à quel point nous perdons patience ? Nos sourires cachent notre détresse.
Les images poignantes du clip illustrent à suffisance le récit troublant de ces jeunes en mal d’espoir, désabusés, qui de la vie, ne reçoivent que coups sans répit. Ce discours servi avec la franchise habituelle du groupe cette fois n’a rien d’ironique. Tous les mélomanes se disent interpellés par le « chef-d’œuvre », comme l’ont qualifié certains. Ainsi, Nini tosali te ? aligne plus de 7 000 commentaires qui s’accordent sur la description réaliste que le nouveau titre fait du triste tableau de leurs nations. En effet, les Congolais de la rive droite se disent solidaires de ce message qui, selon leur entendement, est valable pour les deux rives.