D'âpres discussions sur les énergies fossiles, la réduction des émissions et l'aide aux pays pauvres opposaient vendredi les négociateurs à la COP26 de Glasgow, considérée comme cruciale pour remettre sur les rails la lutte contre le changement climatique.
Tôt dans la matinée, la présidence britannique a publié un nouveau projet de déclaration finale, mais il reste un petit nombre de points clés sur lesquels trouver un accord, a lancé le président de la conférence Alok Sharma en ouvrant une plénière pour recueillir les avis des délégations sur ce texte.
Un euphémisme pour des questions aussi controversées
Londres a fait un mantra pour la COP26 du slogan "Maintenir 1,5 en vie", en référence à l'accord de Paris qui fixe l'objectif de contenir la hausse de la température bien en deçà de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Car le monde se dirige toujours vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, selon l'ONU, malgré les nouveaux engagements à l'échéance 2030 annoncés juste avant et depuis le début de la COP.
Le projet appelle donc les Etats membres à relever leurs engagements de réduction d'émissions plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris, et ce dès 2022. Même si la possibilité d'aménagements pour "circonstances nationales particulières" a été ajoutée.
Mais les pays pauvres estiment que les riches doivent faire plus, car ils sont responsables de l'immense majorité des émissions. Demander le même effort à tous "n'est pas juste", a insisté le représentant du Kenya, rappelant que le réchauffement pour son pays "n'est pas une statistique, c'est une question de vie ou de mort".
L'émissaire américain John Kerry a défendu cet appel à accélérer l'atténuation du réchauffement par la réduction des émissions. "La science est là", a-t-il lancé en référence aux derniers rapports alarmants des experts climat de l'ONU (Giec). Il faut "agir maintenant".
Il a également défendu l'inclusion très controversée d'une mention de la sortie du financement des énergies fossiles, assurant que subventionner la principale source d'émissions de gaz à effet de serre constituait "la définition même de la folie".
L'Arabie Saoudite s'était de son côté sans surprise vivement opposée au texte, appelant à rester fidèle à l'accord de Paris, qui ne mentionne pas les énergies fossiles.
La finance climat complique également la conclusion d'un accord. Les pays pauvres, affichant la confiance rompue après l'échec des plus riches à tenir leur promesse de débloquer 100 milliards de dollars d'aide par an, rejettent les assurances renouvelées des pays développés à faire mieux.
Le projet de déclaration appelle ainsi les pays riches à remplir, et même aller au-delà, de leur promesse non tenue. Et à doubler d'ici 2025 l'aide spécifiquement consacrée à l'adaptation aux effets du changement climatique, alors que c'est le financement des réductions d'émissions qui capte 75% du total.
Les plus pauvres, qui comptent pour une part insignifiante des émissions mondiales alors qu'ils sont les plus exposés aux conséquences dramatiques du changement climatique, insistent donc également pour que les financements prennent en compte les pertes et préjudices qu'ils subissent déjà à un rythme de plus en plus fréquent.
Mais sur ce point, le projet de déclaration propose d'accélérer la mise en oeuvre de dispositifs déjà prévus sans objectifs chiffrés dans le temps.
"Nous sommes extrêmement déçus" que la proposition d'un dispositif spécifique n'ait pas été retenue, a lancé le représentant guinéen au nom du groupe G77+Chine (plus de 100 pays en développement et émergents).
"Nous voulons voir notre proposition dans le texte", a-t-il insisté, d'autant "qu'elle a été faite par la totalité du monde en développement", grands pays émergents compris.
Toutes enveloppes confondues, les estimations de besoins de financements des groupes de pays moins développés vont maintenant de 750 milliards à 1.300 milliards de dollars par an. Une fourchette confirmée par un projet de rapport du Giec.
Le texte devra donc évoluer avant que les près de 200 pays présents puissent s'accorder sur son adoption et le marteau tomber pour mettre fin à deux semaines de COP26. Alok Sharma affichait toujours son espoir d'achever les travaux "plus tard aujourd'hui" comme prévu, mais la conférence semblait se diriger tout droit vers les prolongations.