Diplomatie : la Turquie s’active à renforcer ses liens avec l’Afrique

Lundi, Novembre 15, 2021 - 18:00

Alors que la France va faire du partenariat avec le continent africain une des priorités de sa présidence de l’Union européenne dès le premier semestre 2022, Ankara semble avoir compris la nécessité de dynamiser sa stratégie dans la région. 

En témoigne le fait que depuis quelque temps il ne se passe pas une année sans que le président Recep Tayyip Erdogan n’effectue une visite sur place en y promettant une coopération profitable aux deux parties, comme cela a été le cas lors de sa récente tournée en Angola, au Togo et au Nigeria.

Les autorités turques ne cessent de réaffirmer la volonté de réussir leur pari. Elles l’ont une fois de plus exprimée lors d’un Forum économique sur l’Afrique à Istanbul, en octobre dernier. Pour ce faire, leur pays envisage de tripler les échanges commerciaux avec le continent, qui s’élevaient à 5,4 milliards de dollars en 2003, date de l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat turc, et sont passés à 25,4 milliards en 2020.

Plusieurs secteurs sont retenus dans le cadre de ce partenariat : mines, santé, énergie, infrastructures diverses. Des domaines ciblés par des hommes d’affaires turcs, convaincus que les Africains s’attendent à une étroite coopération dans ces secteurs. Il en est de même de la défense, un domaine dont la Turquie engrange de vrais succès commerciaux et militaires avec ses drones, comme en Libye et en Ukraine.

C’est fort de cette politique que Recep Tayyip Erdogan affirmait récemment à Luanda que son pays attache « une grande importance et une grande valeur à la relation étroite » qu’il entretient avec le continent africain. « Nous désirons faire progresser ces relations sur la base d’un partenariat égalitaire gagnant-gagnant, dans le cadre du respect mutuel », poursuivait-il.

Dans ce même ordre d’idées, Mursel Bayram, professeur à l’Université des sciences sociales d’Ankara, évoque la nécessité de diversifier les secteurs d’intervention. « Les industries de défense offrent de nouvelles opportunités (…). Mais la Turquie peut aussi apporter son expérience dans de nombreux domaines tels que l’agriculture et la santé, par exemple en construisant des hôpitaux comme au Soudan, en Somalie et en Libye », indique Mursel Bayram.

Pour ce qui est des relations diplomatiques, Ankara les entretient actuellement avec plusieurs pays où elle n’était pas représentée. Concrètement, le nombre de ses ambassades sur le continent africain est passé de 12 en 2002 à 43 depuis 2021. La dernière en date a été celle du Togo, plus précisément en avril. Ce qui a amené aussi plusieurs Etats africains à implanter leurs représentations diplomatiques dans la capitale turque.

Le président du Conseil des relations économiques extérieures de Turquie, Nail Olpak, affirme que le renforcement de la coopération avec l’Afrique est très bien accueillie parce que le continent rencontre des besoins pressants dans des domaines ou l’industrie turque excelle. Il s’agit des infrastructures, dont celles de fourniture d’électricité, des ponts, d’eau potable ou de traitement des déchets. « La principale raison de notre intérêt croissant pour l’Afrique, c’est qu’on en voit le potentiel », souligne Nail Olpak.

Sur le continent africain, quelques dirigeants saluent le partenariat avec la Turquie parce que les sociétés turques offrent des emplois et des biens à des prix compétitifs, comparés à d’autres concurrents extérieurs. « La Turquie est pour nous un ami fiable qui veut investir en Afrique », estime le ministre tanzanien du Commerce et de l’Industrie, Kitila Mkumbo, qui venait de participer au Forum d’Istanbul.

Nestor N'Gampoula
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