Antoine Moundanda a montré une autre voie que celle des cordes conventionnelles aux mélodies congolaises en utilisant la sanza dans l’échiquier musical africain. Plusieurs de ses chansons sont considérées comme des reliques. « Qu’est-ce que c’est » en fait partie.
C’est sous le label Minica que l’artiste enregistra en 1982, à Brazzaville, le disque 33 tours référencé MI / 04. Minica, en effet, fut le label de production mis en place par le ministère congolais de la Culture et des Arts pour favoriser le développement culturel. Puis, le remixage et la maquette de ce disque furent réalisés par Andoch Firmin Ntoumi. Martin Bakala en assure la prise de son.
Cette mélopée relate l’histoire d’un jeune homme de retour en Afrique après un séjour en Europe pour la poursuite de ses études. Pendant que le repas était servi à table, il regardait ses parents et ne mangeait rien. Alors, il se mit à leur demander non pas dans leur langue mais en français : "Qu’est-ce que c’est, ça c’est quoi ça ?" Pourtant, ces aliments qu’il feint d’oublier ont contribué à sa croissance. A travers cette œuvre, Moundanda fustige le comportement des Africains qui méprisent leur culture, préférant ainsi valoriser les cultures des autres.
Auteur compositeur, interprète et virtuose de la sanza, Antoine Moundanda a évoqué plusieurs thèmes dans ses compositions. Dans sa chanson « Nzila ya Ndolo », par exemple, il décrit les horreurs de la prison de Ndolo tout en condamnant le colonialisme et ses valets. Il y glorifie tous les héros anticolonialistes. Moundanda et son célèbre groupe « Likembé géant » ont eu autant de notoriété dans le panorama musical africain que les plus réputés des guitaristes, pianistes ou percussionnistes qui l’ont constitué. Tout au long de sa carrière musicale, il n’avait jamais cessé de créer et de chercher à mieux faire.
Décédé le 2 avril 2012, à Brazzaville, Antoine Moundanda naquit en 1928 à Kimpala, dans le département du Pool, au Moyen Congo, actuel République du Congo. C’est en 1953 qu’il enregistre son premier disque aux éditions Ngoma. En 1956, il remporte le prix Osborn pour avoir introduit la « Sanza » dans la musique moderne. C’est avec le titre « Mwana a boyi mama » qu’il remportera ce prix. La voiture qui lui était remise en guise de prix fut confisquée par Jeronimidis, patron des éditions Ngoma. Cette affaire fut réglée à l’amiable et Moundanda reçut une somme de 14 000 F de l’époque. En 1966, il représente le Congo au festival des arts nègres à Dakar. Il a fait résonné sa sanza dans plusieurs nations comme l’URSS en 1974, Chine en 1982, Brésil en 1984, France, Italie, Allemagne, Belgique, Martinique et la Guadeloupe en 1987, Espagne en 1992, Viet-Nam en 1997, etc.