Lorsqu’on évoque les grands noms de la littérature africaine, il est souvent question d’hommes : Léopold Sedar Senghor, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Amadou Hampaté Ba, etc. Mais qu’en est-il des femmes ? Comme le souligne Hugo Bréant dans « De la littérature féminine africaine aux écrivaines d’Afrique », «parler des écrivaines africaines, c’est généralement mettre en lumière une exceptionnalité ». Découvrons
Bien que plus connue par rapport à ses auteurs masculins, la littérature africaine possède elle aussi ses grands noms du côté des femmes. Arborant un style et des thématiques différents, ces grandes auteures de la littérature africaine possèdent néanmoins un point commun : elles brisent les tabous. Elles écrivent et d’un seul trait tracent l’histoire entière.
Leonora Miano: née le 12 mars 1973 à Douala, au Cameroun, est une écrivaine au parcours atypique. Elle fait mal dès le début avec son premier livre « L’intérieur de la nuit » qui est très bien accueilli par la critique et qui rafle à lui seul six prix dont le « prix du premier roman de femme » en 2006 et le « prix de l’excellence camerounaise » en 2007. Preuve que ce n’était pas le coup du hasard, son second roman « Contours du jour qui vient » remporte le célèbre prix Goncourt des lycéens. Des chercheurs et enseignants pluridisciplinaires français ont qualifié son style de littérature « afropéenne » du fait de la particularité de l’auteure à juxtaposer les deux cultures. Très engagée, Miano remporte le prix Femina en 2013, prix attribué chaque année par un jury exclusivement féminin, pour son roman « La saison de l’ombre » et qui traite, à travers un récit poignant et saisissant, du début de la traite des noirs.
Mariama Bâ: « Une si longue lettre ». Le titre à lui seul suffit pour décrire l’ampleur de l’impact de ce livre sur la littérature africaine. Même ceux qui ne l’ont jamais lu le connaissent au moins de nom. Et pour cause, on ne peut échapper à ce livre. Un roman culte et saisissant qui constitue l’un des meilleurs livres de littérature africaine de tous les temps. Cette œuvre, on la doit à Mariama Bâ, née à Dakar en 1929. Premier roman, premier succès. Le livre cartonne, d’abord au Sénégal puis s’étend dans les autres pays se dotant au passage d’une traduction dans de nombreuses langues. Les prix ne se firent pas attendre longtemps, en 1980, « Une si longue lettre » remporte le prix Noma à la foire du livre de Francfort. Sa courte carrière n’aura duré que deux ans, pourtant l’impact de ses écrits perdure encore aujourd’hui. Fer de lance de la cause féminine engagée dans bon nombre d’associations prônant l’éducation et le droit des femmes, Mariama Bâ est sans conteste l’une des pionnières de la littérature africaine francophone, inspirant des centaines d’auteures par la suite à prendre la plume pour exprimer leurs idées. Une école pour fille située sur l’île de Gorée a été nommée en sa mémoire.
Chimamanda Ngozi Adichie: est sans doute l’un des phénomènes littéraires africains de ces dernières années. Née en 1977 à Enugu, au Nigeria, Chimamanda quitte son pays à l’âge de 19 ans pour rejoindre celui de l’oncle Ben. Elle intègre l’université Drexel de Philadelphie puis l’Eastern Connecticut State University où elle poursuit des études en communication et sciences politiques. Elle est titulaire d’un master en création littéraire et d’un M.A (maîtrise des arts) d’études africaines. Son premier contact avec le monde de la littérature se fait en 2003 à travers « L’hibiscus pourpre«, un roman encensé par la critique et lauréat du Commonwealth Writers’ Prize en 2005.Mais le succès ne s’arrête pas là pour Chimamanda. Trois ans plus tard est publié « L’autre moitié du soleil«, un roman à l’histoire poignante traitant de la guerre du Biafra qui remportera l’Orange Prize for Fiction l’année suivante. Son roman « Americana » paru en 2013 et lauréat du National Book Critics Circle Fiction award sera adapté au cinéma avec Lupita Nyong’o dans le rôle principal. Aujourd’hui, sa notoriété dépasse le cadre du livre. Féministe engagée, elle est l’auteure de la fameuse phrase « Nous devrions tous être féministes », prononcé en 2012 lors d’une conférence qui sera reprise par des millions de personnes à travers le monde dont des célébrités telles que Beyoncé et Rihanna.