Activiste culturelle gabonaise, Esther-Eliad Okenkali Onchouet a lancé, l’an dernier, une académie des langues et cultures dénommée « Bantu ». L’objectif étant de permettre aux Africains de se réapproprier leurs patrimoines culturels et artistiques, qu’ils soient sur le continent ou ailleurs.
Ils sont de plus en plus nombreux, ces jeunes du continent, à prôner la réappropriation de l’identité culturelle par les Africains. Et Esther-Eliad Okenkali en fait désormais partie avec son académie Bantu, fondée en 2020, avec la participation de l’association « Bâân’â ntchiè » qui signifie "les enfants du sol ou dignitaires", dont elle est également membre.
A en croire sa fondatrice, Bantu est née d’un simple constat, la perte en vitesse de la connaissance des langues et cultures africaines par ses fils et filles. « Les enfants nés loin de nos villages ne parlent plus nos langues, or notre identité est cachée dans nos langues. Vous pouvez commencer dès aujourd’hui à apprendre une langue grâce à un accompagnement en groupe et personnalisé avec le prof », en pense Esther-Eliad Okenkali.
A ce jour, Bantu enseigne et contribue à la promotion de près d’une vingtaine de langues locales parlées dans les clivages du bassin du Congo. Il s’agit notamment d'Akélé, Apindji, Babongo, Benga, Lingala, Mbochi, Punu, Kikongo, Vili, Fang, Isangu, Kota, Kotakota, Nzébi, Obamba, Okandè, Omyènè, Puvi, Tshiluba, Tsogo et Zulu.
« Notre rêve est de voir une Afrique des grands ensembles au sein desquels cohabitent toutes les entités linguistiques. L’on pourrait parler de langue nationale mais, le constat est aussi que les langues nationales ont souvent tué la pratique des langues plus faibles. Or, nos langues sont le résultat de toute une histoire riche de nos parcours migratoires et des différents peuples côtoyés », estime la jeune femme.
La méthode d’apprentissage de la plateforme en ligne repose sur une approche pédagogique et ludique. Dès qu’il y a dix personnes en demande d’une langue, une classe peut ouvrir. La première année se consacre à la structuration de la phrase, grammaire, conjugaison et concordance de temps. La deuxième année est axée sur l’écriture selon un alphabet adapté à la transcription de nos sons à l’écrit. L’écriture permet des mises en situation pour s’approprier les tournures et rhétoriques. Ce, en plus des webinaires et ateliers. La dernière année est exclusivement réservée à l’immersion dans une famille d’accueil au village avec un projet humanitaire à la clef.
Par ailleurs, Bantu c’est aussi la possibilité de profiter d’un retour en enfance avec les chants, contes et légendes d’Afrique, assurés par une conteuse-écrivaine professionnelle qui saura captiver et faire voyager les apprenants en sagesse dans un monde fantastique.